Un hôtel deux étoiles de bonne tenue avec un personnel accueillant et surtout, chose indispensable si vous visitez Gênes en été, des chambres climatisées ! On regrettera un buffet un peu pauvre au petit déjeuner pour ceux qui se lèvent de bon appétit, le bruit des scooters le matin qui descendent la rue Assarotti à plein gaz. Une pente qu'il vous faudra remonter munis de vos plus confortables baskets pour regagner l'hôtel, à chaque fois que vous serez descendus vers le centre ville et le vieux port.
Quel dommage que quelques instants avant de m'installer à la terrase de ce restaurant face à une imposante église, je me sois gavé d'antipasti pendant l'apéritivo dans un bar aux pieds de "due torre". Mon assiette de pâtes au frutti di mare était succulente et la présentation des plâts qui défilaient aux tables voisines faisait vraiment envie, mais je n'avais plus faim. J'ai tout de même terminé mon primo piatti sans difficulté, mais aussi pour ne pas décevoir le patron, un personnage haut en couleur, les autographes de différentes personnalités accrochés aux murs du restaurant le prouvent.
Le trajet aller / retour Gênes - Pegli peut-être effectué en bateau, ( départs réguliers de Navebus depuis le port antique de Gênes ), permettez-vous une petite excursion maritime. Au départ, vous verrez le vieux port et son globe de verre ( la biosphère ) s'éloigner, votre regard se détrounera alors vers de somptueux yachts à quai. Après les yachts, les ferries, ces immeubles flottants, aussi gros que les porte-conteneurs visibles en longeant le port industriel, avec ses grues et ses structures métalliques. La lanterna se dressera bienveillante sur votre droite et juste avant votre arrivée sur le ponton de Pegli, se sera le tour des avions au départ de l'aéroport Cristoforo Colombo, de parader fièrement au dessus de vos têtes.
Arrivés à Pegli vous aurez alors l'occasion de visiter le Parc Durazzo Pallavicini et de cacher vos épaules rougies par le soleil à l'ombre des arbres, humant le parfum des fleurs, avant de vous reposer sur un banc près d'une fraîche fontaine. Partez à la recherche du zen, observez les carpes Koi nagez sans effort, passant sous vos pieds en desous du pont chinois, tournoyant paisiblement autour d'un ilôt qui héberge une pagode. Le nirvana malhereusement, jamais vous ne l'atteindrez, parce que déconcentré par le va et vient des voitures sur l'autoroute à quelques pas. Les crachats des pots d'échappement, les vrombissements des moteurs, les tûûts tûûûts des klaxonnes, tant de décibels que peinent à couvrir les chants des cigalles qui s'époumonent à leur poste, sur les branchages.
Le bigo, cette espèce d'araignée métallique renversée sur le dos, n'est rien d'autre qu'une nasselle qui vous enmènera à une quarantaine de mètres de hauteur pour que vous puissiez prendre de superbes photos panoramiques du port antique de Gênes.
Le petit train
S'en va dans la campagne
Va et vient
Poursuit son chemin
Serpentin
De bois et de feraille
Rouille et vert de gris
Sous la pluie
Tout le monde connaît cette chanson des Rita Mitsouko même s'il va falloir la couper pour les standards du web : " vert et gris sous la pluie " ne sont pas utile.
De l'eau ici, il en tombe que très rarement en Ligurie. Cependant, les collines sont verdoyantes et la végetation assez dense. La locomotive peine à nous emmener vers les sommets, grinçant, fatiguée par plusieurs décennies de bons et loyaux services. Quelques minutes seulement après le coup de sifflet du contrôleur annonçant le départ, nous avons commencé notre oxygènante ascension. L'unique voie ferrée et serpentueuse. A chaque virage en épingle le vieux coucou électrique à les entrailles qui couinent, mais il y a plus bruyant encore que du métal oxydé : Une joyeuse colonie de vacances et quelques scouts, Game-Boy à la main, parés pour des vacances en plein air. Rapidement, l'odeur des pins nous fait lever de notre banquette en sky pour humer ce parfum à travers la fenêtre de notre wagon. Gênes s'éloigne rapidement, ses murs sont visible en deuxième plan, prise en sandwich avant le vert des forêts et des vallons puis après au loin, le bleu de la mer. Le trajet jusqu'au terminus dure moins d'une heure mais je regrette de ne pas avoir emporté de Boules-Quiès. Qu'importe, nous en prenons plein les mirettes et c'est bien là l'essentiel. A mi-chemin, le siffleur de gare qui n'a pas oublié sa casquette passe dans l'allée, entre les banquettes et demande : " Campi ? Campi ?
_ Non, Casella ! "
Nous faisons un arrêt au milieu de nul part, face à une petite gare à l'abandon, portes et fenêtres clauses. Personne ne descend, personne ne monte. Au nouveau coup de sifflet, le vieillard de fer et de bois se remet à rouler péniblement tandis que les castors juniors braillent ce qui doit être leur score respectif à Pokemon, sans lever la tête de leurs minuscules écrans.
Sur le côté des rails, des ouvriers en bleu de travail arrêtent de s'activer pour nous saluer pendant que nous passons au ralenti. Quelques habitations isolées longent désormais la voix. Dans les jardins, de la vigne, des oliviers, des pruniers exposent leurs fruits sucrés au soleil.
Enfin nous arrivons à Casella. Tout le monde descend. La petite bourgade est paisible, loin de la circulation et du brouhaha des scooteurs génois. Nous nous arrêtons à la première terrasse qui se présente et nous installons sur deux chaises à l'ombre d'une pergola. Le temps semble s'être arrêté dans ce village de campagne. Je sirote ma bière tranquillement aux côtés de quelques anciens qui papotent en dégustant un espresso corsé. Nous attendons que le cadran solaire sur la place indique midi et rejoignons une autre terrasse, dans un autre restaurant. Je goûte une assiette de gnokis au pesto préparée avec du basilique de Pra, accompagnée d'un pichet de vino de la casa pour faire passer. Le dessert, nous le prendrons dans un troisième établissement, une gelateria qui propose une multitude de glaces aux parfums inédits. Parce que nous avons frôlé l'insolation la veille par quarante degré, nous n'osons pas trop nous aventurer dans l'arrière pays en pleine digestion. Devant les caisses à l'entrée d'une piscine, où lézardent quelques touristes tandis que leurs femmes s'agitent dans l'eau lors d'une séance d'aquagym, nous regrettons de ne pas avoir pris nos maillots de bain. Le tarifs affichés sont cependant quelque peu dissuasifs. Puisque nous pensons avoir fait le tour et comme le petit train nous attend déjà sur le quai, nous montons à bord et entamons notre retour jusque Campi où nous décidons cette fois-ci de nous arrêter.
Face au cabanon fermé qui fait office de gare, nous nous demandons ce que nous foutons là, avant de descendre l'unique route qui doit probablement mener quelque part, même si nous ne voyons rien venir à l'horizon. La descente est raide et si nous ne voulons pas trop souffrir de la chaleur au retour pour regagner le train, il va falloir bientôt songer à faire volte-face. Derrière un ultime virage, nous apercevons un restaurant. Nous demandons au patron si nous pouvons nous désaltérer à l'extérieur et nous asseyons à une table. Il n'y a pas un touriste, seulement quelques locaux qui viennent de finir de manger. Les mouches volent autour des assiettes vides, chassées par des mains pas plus agacées que cela, qui saisissent de temps à autre les bouteilles de vin des " cinque terre " pour en vider les dernières gouttes dans leur verre. Un chien dort à l'ombre sous une chaise, ça sent ici plus le rustique que l'eau de javel. Nous payons notre verre au patron qui me demande d'où l'on vient. " Frances
_ Ah ! Frances ! "
Il me baragouine quelque chose à propos de la grande boucle qui a lieue en ce moment mais c'est tout ce que je comprends et je reste muet, ne parlant pas un mot d'italien. Nous remontons jusqu'à la station ferroviaire de Campi, attendant notre voiture sur des chaises laissées ici à l'abri. Nous apercevons notre cheval de fer mais qui se dirige dans le mauvais sens. Deux touristes descendent et se ruent vers nous, en entendant que nous nous exprimons dans la langue de Molière. Le jeune couple est en quête d'un sentier botanique, nous les envoyons vers l'unique route sans être surs qu'ils trouveront dans cette direction, ce qu'ils recherchent. Enfin, notre train qui à fait demi-tour à Casella redescend dans notre direction, nous montons à bord pour un dernier trajet jusque Gênes, les paupières gonflées et un peu fatiguées d'avoir pris un bon bol d'air pur.