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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 19:42

Le toubib est formel : " Ce n'est rien de plus qu'une petite déprime monsieur.

_ Ah bon ? Et vous allez me faire une ordonnance ? Pour du Xanax ? De Lexomil ? Du Tranxene ? Lithium ? Une cure de thalasso sur la côte d'Azur, au frais du contribuable ?

_ Rien de tout cela. Un grand bol d'air frais vous ferait le plus grand bien. Oxygénez-vous ! Sortez de chez vous ! Dégourdissez-vous les jambes et allez vous promener.

_ Et c'est tout ?

_ Pas tout à fait... ça fera vingt-trois euros et je ne prends pas la carte vitale. Je peux vous prescrire du magnésium si vous voulez. ça ne peut vous faire du mal.

_ Excusez-moi, mais une consultation ne coûte t-elle pas vingt et un euros ?

_ Il y a une majoration parce que je ne suis pas votre médecin attitré mais une fois que vous aurez fait les démarches...

Vingt-trois euros pour une boîte de Magne B6 et le conseil de "bon pote" ? La belle affaire ! Compte pas sur moi pour que je remplisse ta paperasse, ton contrat d'exclusivité, charlatan !

Après tout, s'il avait raison ? Il est à peine neuf heure, j'ai déjà bu mon café, étendu le linge qui avait tourné dans la machine cette nuit et déjà, je fais les cents pas aux quatre coins de la maison, alors que le soleil semble vouloir percer en ce samedi matin. Cela remonte à quand ? La dernière fois que j'ai fait une grasse matinée ? Peu importe, ce qui compte, c'est de me changer les idées. Je saute donc à pieds joints dans une paire de baskets, enfile un blouson et pars pour une ballade en extérieur.

Respirer les particules fines des gaz d'échappement, sentir le doux parfum des poubelles qui n'ont pas été rentrées la veille...

Marcher en cadence sur un terrain accidenté, éviter les nids de poules et les crottes de chien...

Regarder au loin, scruter l'horizon caché derrière les tours, les immeubles...

Lever la tête et admirer le gracieux vol planer d'un Airbus A340, être ébloui par les chromes d'un réverbère...

Tendre l'oreille, écouter le gazouillis des moteurs diesel, le chant des klaxons...

Converser avec un inconnu croisé au détour d'un chemin : " T'aurais pas une tite pièce ? Une cigarette ? Connard ! "...

Observer les fourmies ouvrières en plein travail, sur la place du marché, les commerçants s'affairent à installer leur stand...

En plus de me dégourdir les jambes, cette petite promenade m'a ouvert l'appétit. Je me dirige devant une chaîne de la restauration, et commande depuis la rue un maxi pain au chocolat. A mes pieds, une femme que je n'avais pas vu, assise à même le bitume, un nourisson dans les bras me supplie : " Donnez de l'argent s'il vous plait ! A manger, pour le bébéééééé ". Voilà que je culpabilise, m'acheter une viennoiserie, m'offrir ce petit plaisir avec de la monnaie gagnée par le fruit de mon travail, celui pour lequel je me force à me lever aux aurores tous les matins en semaine. Je n'ai plus faim, je donne mon petit pain et les pièces jaunes qui m'ont été rendues à cette maudite bonne femme.

Flaner dans les rues de la métropole, ce n'est pas une quête de tranquilité comme on pourrait la trouver dans forêt de Saint-Michel. Cette sortie en ville n'a de revigorant que le froid de l'hiver. Sur le retour, je pense au futur printemps et aux weekends de décompression que je pourrai enfin passer à la campagne en Thiérache. En attendant, dans l'immédiat, je n'ai qu'une idée fixe, rentrer à la maison, saisir une bouteille de whisky et m'envoyer une grande rasade jusqu'au moment où, un sommeil artificiel me gagnera..

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14 janvier 2015 3 14 /01 /janvier /2015 21:55

~~Un nouvel élève est arrivé ce matin. Il a été présenté à toute la classe, puis il s’est assis à côté de moi, là où il y avait une place de libre. Il semble pas du tout intimidé, depuis qu’il s’est installé à ma droite, il n’arrête pas un instant de parler.

Ça oui, on peut dire que le nouveau a du bagou. D’ailleurs lui, appelle ça de la « tchatche ». Ce mot m’était complétement étranger jusqu’à présent… Selon ses propos, il serait capable d’endormir n’importe qui avec son flow de paroles. Une sorte d’hypnotiseur quoi ! Son débit et rapide mais il n’a pas l’accent Thiérachien qui nous caractérise tous ici, au collège Georges Cobast.

Il me dit qu’il vient de Panam. J’ai déjà entendu ce nom dans une chanson d’Edith Piaf, mais aucune idée de là où ça se trouve. Remplacez Panam par Eldorado, Panplune, Katmandou, je serai pas plus avancé. Devant mon air incrédule, il m’apprend que Panam c’est Paris. Ah ! Sait- il au moins ce que nous disons des franciliens ici ? « Parigots tête de veau, parisien tête de chien ! » Comment peut-on passer à une vie dans la capitale, à une autre perdu au milieu du bocage ? A Hirson aussi nous avons nos Champs Elysée, mais à la place d'une longue avenue bondée de commerces et de boutiques de luxe, vous y trouverez juste un pâté de maisons délabrées.

Toute l'heure de cours, nous la passons à bavarder, ou plutôt, je la passe à l'écouter, pris dans un long monologue. Il me raconte que ses parents l'ont déposé en "ture-voi" devant les grilles du collège ce matin, puisqu'aucune ligne de bus, ni de métro ne traverse la ville aux hérissons. Une "ture-voi" ? C'est quoi ça ? L'explication m'est donnée : il s'agit de verlan, autrement dit de "l'envers". C'est assez simple, il suffit d'inverser les syllabes de chaque mot. Décidemment, on parle pas le même langage ! Dans notre coin, pour désigner une bagnole, on emploie le terme de "carrette".

Son cahier est grand ouvert sur son bureau. Aucune leçon n'est retranscrite dessus. Au lieu de cela, d'étranges inscriptions, des mots formés avec de grosses lettres au marqueur, qui se chevauchent, se mélangent même. J'ai déjà vu ce type de calligraphie, peinte sur les murs de la Gare du Nord. J'étais allé une fois par le passé à Paris, lors d'un voyage en sixième pour aller visiter Le Louvre. A douze ans, on vous envoie au Louvre dont vous vous foutez éperdument, à seize, on vous emmène au cinéma voir un Disney... Je parviens à déchiffrer l'un de ses tags. Il est noté " SEGREGATION RACIALE". En plus, il emploie des mots savants le Momo ! Monsieur Cherubin , notre professeur d'histoire qui se la jouait "Cercle des poètes disparus" et devant qui toutes les midinettes étaient en émois, nous avait averti : la notion de race ne s'applique pas aux humains. Elle doit uniquement être employée pour les animaux, chiens; chats... dans le but de faire le distinguo entre un berger allemand et un lévrier Afghan. La notion de race chez l'homme, n'est qu'une pure invention d'un fou furieux frustré et paranoiaque. Chez l'homme, on parlera plutôt de type : type eurasien, type caucasien...

L'heure du déjeuner arrivée, nous passons au réfectoire et nous nous attablons avec nos plateaux, par petits groupes de quatre. Mohammed ne touche même pas à son assiette, l'air dégouté. Purée, jambon, on a pourtant connu pire comme menu... Quelle tronche va t-il faire lorsqu'on lui servira des épinards ? Mon assiette terminée, je pique la sienne et la dévore entièrement. Je crois que je me suis fait un copain pour le midi à la cantine.

Avant la reprise des cours à quatorze heures, il nous reste suffisamment de temps pour entamer une partie de foot. Le ballon nous avait été confisqué parce que la dernière fois, nous avions cassé un carreau mais c'est pas grave, nous en avons fabriqué un avec quelques copies doubles, et un rouleau de ruban adhésif entier. A la constitution des équipes qui se joue à "plouf-plouf", nous proposons au titi parisien de se joindre à nous, celui-ci refuse. Courir dans une pâture à onze derrière un ballon, se n'est pas sa tasse de thé à la menthe. Selon ses dire, Lens est un club qui ne vaut rien, ses tribunes seraient remplies exclusivement de chômeurs et d'alcooliques et de toute façon, pour lui, seul le PSG des Weah, Ginola, Valdo... comptent. Et puis le banlieusard préfère les sports urbains comme le streetball, du basket à trois contre trois dont les parties se disputent sous un seul et même panier.

En même temps, jouer en jean, ce n'est pas très commode. Nous, nous portons tous nos survêts Adidas à la mode en ce moment avec des sweats de marques de sportwear. Mohaz doit être le seul mec vêtu d'un jean, d'un pull classique avec la chaîne en argent qui brille par dessus.

Cette année là, nous apprîmes de notre nouveau camarade, beaucoup de choses qui nous étaient jusqu'alors inconnues, la culture des banlieues, le hip-hop, le smurf, le break-beat, les petites combines... En échange de quoi nous fîmes de lui, le plus Thièrachien des "scar-la".

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11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 14:29

Avec la fougue de mes dix-huit ans, je suis à ce moment précis, agité, haletant, le palpitant battant la chamade. C'est à contre cœur et en retard que je suis venu à ce rendez-vous bihebdomadaire, programmé depuis la fin de l'été sur mon emploi du temps

_ Mettez-vous à l'aise. Enlevez-vos blousons et asseyez-vous.

Dans la pièce, les radiateurs sont allumés, il fait bon. Ma chaise, une simple planche de bois et son dossier, soutenus par une structure métallique, est peu confortable.

_ Maintenant, écoutez-moi attentivement.

Je tends l'oreille, en finissant de m'installer.

_ Reprenons, là où nous nous étions arrêtés la semaine dernière.

.J'essaie de me remémorer le contenu de la dernière heure passée ici. J'ai tout oublié ou presque.

_ Rappelez-vous, le jour précédent, nous avons travaillé sur l'inconscient. L'inconscient qu'est-ce que c'est ? L'inconscient ou inconscience, il faut se la représenter comme des tiroirs dans lesquels sont archivés les dossiers enfuis de votre mémoire...

La voix parle d'un ton calme, posé, rassurant. Chaque mot est articulé dans un débit lent, apaisant.

_ Des souvenirs, des émotions que votre cerveau a, pour des raisons diverses et variées, décidé d'oublier...

_ Quoi ? Que dit-elle ?, J'ai un instant perdu le fil dans un moment d'inattention.

_ A ce titre, l'hypnose interpelle votre surmoi...

Ma respiration se fait plus ample, plus tranquille.

_ Selon Freud, père de la psychanalyse...

Mes paupières deviennent lourdes, de plus en plus lourdes.

_ Bien ! Fermez- les yeux et concentrez-vous.

Ma vue se trouble, une vague de douce chaleur m'enveloppe. Je ferme les yeux.

_ Maintenant que vous êtes parfaitement détendu, imaginez -vous...

Je me sens partir. Mon esprit divague. La voix semble s'éloigner, se faisant plus distante, comme un écho.

_ " Ai confianceeeeeeeeee..."

J'ai de plus en plus de mal à retenir mon attention, à garder le contrôle.

_ Dans ces cas là, on peut dire que vous êtes en état d'hypnose.

J'ai des fourmis dans le jambes, aux avant-bras, jusque dans la moelle épinière.

_ Etes- vous ici avec nous ?

Je suis complétement endormi. J'entends cependant la question qui m'est posée mais demeure, dans mon état de léthargie, incapable de répondre.

_ Monsieur ! Réveillez-vous, réveillez-vous !

_ Hein ? Qu'est-ce que c'est ?

Pour programmer des heures de philosophie sur notre planning les vendredis en dernière heure de cours, succédant à deux heures de sport ou le lundi matin à la première heure, on ne peut pas dire dans ce cas que le Conseiller Principal d'Education ait fait preuve de pragmatisme lors de la constitution des emplois du temps... Si bien qu'il valut à mon professeur de dire au cours du conseil de classe bouclant le second trimestre : " Bérenger ? Je ne sais pas qui c'est, jamais entendu le son de sa voix..."

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31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 12:30

L’été commençait à décliner, les jours à raccourcir, les nuits devenaient plus fraîches et plus humides. La rentrée de septembre approchait à grands pas.

Maintenant que les champs de betteraves sucrières étaient totalement désherbés, qu’on ne trouvait plus la moindre trace de gaillet, de matricaire, d’amarante ou de chardon dans leurs sols, je réfléchissais à l’endroit où je pouvais passer quelques jours de repos bien mérités avant de retourner en classe. Parce-que je ne pouvais perdre deux journées dans de longs trajets en voiture, je pesai le pour et le contre, entre un séjour au Lac de l’Eau d’Heure, au Val Joly, aux Etangs des Moines, aux Vieilles Forges ou même sur le site de Blangy. Je n'eus pas le temps de me décider, que le père Buisson vint me proposer une dernière mission. L'agriculteur peinait à trouver de la main d'oeuvre. Malgré ses airs rudes, depuis que sa femme l'avait quitté, qu'une secte l'avait dépossédé de la majorité de ses biens, l'homme toujours vêtu d'une côte de travail et coiffé d'une casquette John Dere, faisait souvent l'objet de gorges chaudes, dans les chaumières du village. Plus par appât du gain que par compassion, j'acceptai le job, j'allais assister à la campagne d'arrachage des pommes de terre.

Mon contrat était de courte durée, une petite semaine et mes horaires ( 8h-12h / 14h-18h ) semblaient être une sinécure pour le bouseux qui les soirs du 14 juillet, sortait son tracteur pour montrer que "LUI" avait du travail, pendant que les autres villageois défilaient aux lampions. Je me retrouvai un lundi matin sous un hangar, accompagné d'autres paires d'yeux et de bras, face à un tapis roulant sur lequel des bennes de patates étaient déversées. Sans se laisser dépasser par la vitesse du flux, et avec une certaine dextérité, il fallait débarrasser le tapis de toutes les fanes et de toutes les petites mottes de terre. C'était un peu comme jouer au "Chass Taupe", ce jeu de société pour enfants, où il vous faut avec un maillet, fracasser le crâne des nuisibles, à la sortie de leur trou. Au bout de la chaîne, les pétiotes finissaient leur course dans de grandes caisses en bois. "Une patate, deux patates... cent patates !" . Les premières minutes, je me prenais pour Vico, "le roi de la pomme de terre". Au bout de quelques heures, je n'était plus qu'un simple ouvrier d'usine qui répétait toujours les mêmes gestes, inlassablement. Ce job est hachi-er !, je me fis la plaisanterie à moi-même, sans la partager avec tout le gratin présent à ce moment. Pendant, la pause du midi, je rentrai chez moi, me fis un steak- frites surgelées puis je m'allongeai sur le canapé pour une petite sieste. Quand j'essayai de fermer les yeux, je ne pu m'empêcher de voir les tubercules, tournaient sur elles-mêmes.

"Lundi des patates, mardi des patates..." Comment des salariés peuvent, pendant toute une carrière, se retrouver tous les jours devant le même instrument et jouer inexorablement la même note ? Nous étions maintenant déshumanisés, robotisés, balançant nos bras en cadence, à la cueillette des indésirables " Tchac, tchac, tchac..." Heureusement, dès la seconde partie de journée se fût pour moi ravioli. Finie la corvée de patates, le général Buisson m'affecta à un autre poste. Je devais désormais conduire le chariot élévateur, bien que je n'avais pas de permis de cariste, nous n'allions pas en faire tout un plat pour si peu. Avec le manitou, j'empilais les caisses de bois pleines, les unes sur les autres dans un coin du hangar. Il fallait être précis et délicat, surtout quand il s'agissait de poser le dernier contenant tout en hauteur, afin d'éviter que celle-ci ne s'écrasa sur moi-même et me réduisit en purée Mousline.

A la fin de la campagne, le cultivateur nous remercia avant de faire ses valises pour quelques jours dans le Dauphiné. Sur le chemin en rentrant chez moi, j'allais glaner quelques champs à la quête de Bintches qui n'avaient pas été ramassées car ce jour là encore, à la guerre comme à la guerre, j'allais me cuisiner des patates.

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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 13:14

J'ai une fois par le passé travaillé pour le compte du père Buisson. De l'esclavagiste qui nous exploitait dans ses champs de betteraves vous vouliez connaître le nom, non ? Inutile de chercher dans l'annuaire, en tournant les pages frénétiquement de votre annulaire, il s'agit d'un nom fictif. Une couverture aussi bien que la Range Rover, décrite dans mon précédent billet, pourrait finalement être en réalité, une petite voiture rouge et jaune, comme celle que conduit Oui-oui.

C'était pendant les vacances de Noél. Un job de nuit grassement payé que seuls un couple de gens du voyage, l'idiot du village que l'on surnommait "la grenouille" et moi-même acceptèrent de réaliser. Le boulot consistait à vider, en quelques heures, un poulailler industriel de ses cinq mille pensionnaires. A une heure où la plupart des habitants du village bavaient sur leur oreiller à plumes d'oie, nous enfilâmes nos bottes à l'entrée d'un immense hangar de tôles, attendant que le camion qui avait du retard arriva. Avec anxiété, l'éleveur regardait sa montre toutes les minutes, parce-que du temps perdu, c'était de l'argent qui s'envolait. Les deux mains jointes le long de son nez tordu, la grenouille se mouchait avec un carré de tissu à carreaux pendant que le chef d'exploitation trépignait, tapait du pied comme Pan-Pan sur la glace. Enfin, le camion vint à destination. Le chauffeur coupa le contact, descendit de la cabine, enfila une paire de gants et avec un Manitou, déchargea de grands casiers à tiroirs. Il n'y avait pas de temps à perdre, nous dûmes nous mettre aussitôt au turbin avant que le jour se leva et que les gallinacés encore endormis se réveillèrent. Piétinant sur un sol mou, jonché de fientes, nous ramassâmes les poulets, âgés de trois mois, par les pâtes comme l'on cueille les champignons, trois dans chaque main avant de les arracher du sol et des les caser dans l'un des tiroir prévus à cet effet. C'était pas grave si les pâtes des poulets se brisaient dans nos mains, nous n'avions pas le temps de nous alarmer. D'ailleurs, c'était parfois quelques cadavres de bêtes que l'on ramassait pour les balancer dans une poubelle en plastique. Il faisait une chaleur moite. Nous évoluâmes au milieu d'une odeur pestilentielle que pas même quatre douches ne parvinrent à en venir à bout. ça piaillait à tout va, le bruit était abrutissant. Au bout de quelques heures de labeur, à l'aurore, alors qu'il ne restaient que quelques volailles, ces dernières firent de la résistances parce-qu'avec plus d'espace, elles courraient dans tous les sens en nous filant entre les doigts. Imaginez la scène ! Quatre ploucs en train d'essayer de choper des cocottes qui vous font tourner et retourner en rond... Ne manquait que le générique de fin de la série Benny Hill en fond sonore ! Le camion repartit, notre patron nous informa fièrement que nous pourrions retrouver ses animaux au frais en rayon, sous cellophane, au magasin le surlendemain.

Une fois mon pascal encaissé, je rentrai chez moi las, nauséabond, ecoeuré me disant que toute la condition animal était à repenser.Je ne mangeai pas de volaille ce noél là... Heureusement, un ami chasseur m'avait donner une gigue de sanglier, du gibier qui eut au moins quelques temps la chance de grandir et gambader en forêt.

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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 18:12

Nous ne sommes pas en Louisiane ni dans un autre état du sud des Etats-Unis. L'esclavage a été aboli il y a plus de cent cinquante ans. Pourtant , nous travaillons comme des forcenés dans ce champ depuis l'aube. La rosée du matin s'est infiltrée par dessus nos bottes de caoutchouc et à la mi-journée, nos pieds marinent encore dans nos chaussettes humides. Les feuilles coupantes des végétaux nous lassèrent les genoux et le bas des cuisses. Nos jambes ankylosées sont une mosaique de griffures, de petites cicatrices. Nous avons le dos brulé par le soleil. Nous sommes de véritables rednecks ( dos rouge ) au sens propre du terme. L'échine toujours courbée vers la terre, usés par les efforts à répétition, les lombaires sont douloureux. J'ai des cloques aux doigts malgré la protection que m'offre une paire de gants. Notre patron, un riche propriétaire terrien, inspecte nos moindre faits et gestes, hurle ses consignes, depuis un chemin de terre, accoudé contre son 4*4 en sifflant des bières gardées au frais dans une glacière. Son chien, un molosse grognard la bave aux babines, fait des allées et venues entre les hayons, reniflant et suivant la probable piste d'un lièvre. Il fait une chaleur moite et écrasante en cette belle journée de juillet. J'ai le front qui perle sous la visière de la casquette vissée sur la tête pour prévenir les risques d'insolation. Le sang bat dans mes tempes. J'ai mal à la tête et la bouche sèche, premiers symptômes de la déshydratation. Mon âme pour une mousse bien fraîche ! Même de la pisse d'âne comme les Kronembourgs qu'enquille l'une après l'autre le boss. Nous avons fait une pause rafraîchissement il y a une heure de cela. Nous eûmes droit à de l'eau tiède, à boire au goulots de bouteilles en plastique, qui étaient stockées à l'ombre, sous le Range-Rover. Le prochain break ne se tiendra pas avant une heure. Pas une minute de plus, pas une minute de moins. Il est impossible d'y déroger; Nous essayons tant bien que mal de maintenir la cadence, mais nos organismes sont fatigués. Las, le moral au plus bas, nous sommes de moins en moins productifs. Pour redonner du baume au cœur de mes compagnons d'infortune, j'entame à voix haute un gospel :

" _ When Israel was an Egypt land..., J'attends quelques secondes, pas un n'embraye, pas un écho... Je décide de continuer.

Oppresed so hard they could not stand., Enfin des voix s'élèvent au beau milieu de ce carré de la superficie d'un hectare :

_ But let my people go.

_ So the lord said : " Go down Moses

Way down in Egypt land

Tell all pharaoes

Let my peop...

_ C'est pas fini ce rafut ! Je vous paie pour travailler, pas pour que vous chantiez je ne sais quoi !

_ Enfoiré d'esclavagiste !, Je dis à voix basse.

Travailler comme saisonnier pour un cul-terreux de Lemé et arracher les mauvaises herbes dans un champs de betteraves qu'il avait oublié de traiter, n'était pas une partie de plaisir.

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26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 18:58

Nous sommes cinq, perdus au beau milieu des bois, sans téléphone portable ni radio, et pas un n'est capable de se servir de cette fichue boussole. Celui qui se prend pour un leader naturel vient d'arracher la carte des mains d'un bleu et tente de retrouver notre position en la tenant à l'envers.

" _ Si l'on parvient à trouver se foutu ruisseau, nous n'aurions qu'à le longer dans le sens du courant pour revenir à la civilisation., dit-il en pointant du doigt sur le plan, une courbe bleue.

_ Je veux bien., je réponds. Mais voilà près d'une heure que nous marchons et nous n'avons pas vu la moindre source, la moindre gouttelette d'eau.

_ La nuit commence à tomber et il fait de plus en plus froid. Peut-être devrions-nous, avant le coucher du soleil, construire un toit sous lequel nous pourrions nous abriter ?, suggère Nic à mi-mots, grelotant, les bras croisés.

_ Et dormir ici, dans cette forêt hostile, entourés d'animaux sauvage ? Hors de question !, hurle l'autoproclamé chef de meute.

_ Oui, hors de question !, soutient Pénélope., je veux renter chez moi ce soir, prendre une bonne douche, retrouver mon lit bien douillé et chaud, plutôt que de dormir en plein courant d'air. On mon dieu ! J'ai les pieds trempés ! Je n'en peux plus de patauger dans cette boue !

_ Il paraît que la mousse au pied des arbres pousse toujours en direction du Nord., annonce Ben qui c'était tu jusque ici.

_ Cela nous fait une belle jambe, ironise celui qui avait trouver ses galons dans un paquet de Bonux, puisque nous ne savons pas dans quelle direction nous devons aller.

_Et si nous faisions un feu ? La brume et l'humidité monte..., nous demande Nic, définitivement résolu à passer la nuit, en pleine forêt, avant de reprendre les recherches au lever du jour.

_ Et avec quoi allumerions-nous un feu ? Nos briquets et nos allumettes nous ont été confisqués. On peut même pas se griller une clope !, je lui fait remarquer.

_ Avec des silex ! Le sol en est jonché. J'ai vu comment faire au Musée des Temps Barbares de Marle ! Il nous faut juste de l'amadou...

_ Laisse tomber., je lui conseille.

_ On pourrait s'abriter dans un blockhaus ? Nous en avons vu un cet après-midi en chemin.

_ Laisse tomber !, Eructe le Général de pacotille, maquillé de glaise, appliquée avec les doigts sur les joues et sur le front. Si nous ne sommes pas au point de ralliement dans une demi-heure, nous sommes morts. Tous autant que nous sommes !

_ Alors nous sommes déjà mort !, Explose Péné, laissant couler sont maquillage. Nous sommes perdus ! Nous sommes per...

_ Fermez-la ! Allons ressaisissez- vous ! Certes, notre objectif n'est pas atteint mais que vous a t-on appris ? Ne jamais baisser les bras, relever le menton, la tête droite, torse bombé et toujours regarder loin devant soi. Quelque-soit les circonstances... Allons soldats ! Debout ! En route ! Tiens, tiens, voilà du boudin, voilà du b...."

Après cette tirade patriotique, nous reprenons notre marche à la recherche des autres élèves, dispersés dans la forêt de Blangy. Peut-être ont-ils eu plus de réussite que nous dans cette course d'orientation. Nous comptons sur leur esprit de camaraderie pour partager les numéros des balises que nous n'avons pas trouvé. Alors peut-être aurions nous assez de chance pour échapper à la capture et à la détention, le temps d'une ou deux heures de colle dans l'horrible et sombre salle d'étude.

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 18:44

Course-poursuite dans les rues de Vervins. Quelques pilotes de bolides prennent tous les risques pour échapper à leurs poursuivants. On entend les moteurs vrombir jusqu'au point de rupture, et les pneus crisser en laissant de la gomme sur le bitume. Une équipée sauvage, une horde motorisée à la Mad Max sème la pagaille dans la petite commune de Thiérache pourtant réputée tranquille. Les feux rouges sont systématiquement grillés, les Stop, les Cédez le passage, non respectés et la vitesse limitée à cinquante kilomètres heure en agglomération, largement dépassée. Les virages sont pris en dérapage parfois au frein à main, même les plus serrés. Les pots d'échappement fument noir, signe que les voitures tournent à plein régime. Les badauds incrédules et un peu effrayés se tiennent loin de la chaussée prenant leurs enfants par la main ou dans leurs bras, de peur que ses derniers finissent sous les roues d'un de ses fous du volant. D'autres, regardent ce spectacle hallucinant de derrière leur fenêtre ou depuis le balcon. Quelle mouche les a donc piqué à bord de leur rutilante machine aux couleurs flashy ? Que fuient-ils ? La police ? Les douanes ? Dans la cité de Picardie d'habitude si calme, les gamins jouent ici au football les soirs après l'école à quelques mètres seulement de l'asphalte. Qu'arriverait-il si l'un d'entre eux traversait pour récupérer son ballon ? Cela ressemblerait à un mauvais remake d'une campagne télévisée de prévention pour la sécurité routière. La RN 2 serait- elle devenue une autoroute pour l'enfer, le terrain de jeux des délinquants routiers ? Cela fait un petit moment déjà que ce rodéo urbain perdure, mais nous ne voyons toujours pas les forces de l'ordre poindre le bout de leur nez. Ils vont finir par provoquer un accident. C'est sur ! Alors là, nous n'aurons plus qu'à compter les victimes à déplorer. Faut avouer, les mecs maitrisent au volant mais d'où viennent-ils ? Sont- ils tout juste remontés du sud de l'Espagne en Go Fast ? Non, vous n'y êtes pas du tout. Les 12 et 13 avril 2014, se tenait la cinquième édition du rallye de Vervins.

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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 08:26

J'avais pris l'habitude, au cours de précédents billets, d'entretenir le suspens au maximum pour ne divulguer le véritable sujet des différents textes qu'à la fin. Aujourd'hui, il va m'être difficile de semer le doute dans vos esprits éclairés, tout du long de votre lecture. La question qui se pose est plutôt de savoir au bout de combien de lignes allez-vous deviner qui est décrit dans le portrait qui va suivre ? Plus c'est long, plus c'est bon comme le dit la vindicte. Je vais donc à nouveau essayer ici de faire durer le plaisir, en partant des informations les plus générales, aux renseignements les plus pointus. Vous-êtes prêts ? A vos buzzers, top départ !

Je suis un homme, né il y a un peu plus de quarante années en Picardie, plus précisément à Saint-Quentin dans l'Aisne. Mon enfance, je la passais aux portes de la Thiérache à Marle où mon père travaillait comme ouvrier dans la sucrerie Saint Louis.

Je fus l'objet d'un sujet dans l'émission " Le Tube" du samedi 8 novembre 2014 dans laquelle l'animatrice Daphné Bürki m'interviewa à mon sujet.

Comme Justin Biber, Zlatan Ibrahomovic ou Michèle Obama, un burger portait mon nom.

J'eux prêté ma voix dans le doublage des films Garfield 1 & Garfield 2 et je suis l'auteur d'un one man show qui se nomme "Picard for Ever".

Je débutai ma carrière comme animateur d'une radio locale de Laon mais aussi comme Dj dans des soirées disco.

Au début des années 90, je commençai à me faire un nom sur les antennes de Fun Radio, avant de me faire évincer pour une plaisanterie douteuse sur les camps de concentration d'Auschwitz. Je rebondis sur Skyrock avant de filer sur NRJ puis sur Europe 2 environ deux ans plus tard. Je revins sur les antennes de Fun Radio entre 2004 et 2008 et aussi celles de Virgin Radio pendant un an à partir de 2008. Aujourd'hui, je suis l'animateur radio le plus suivi sur les réseaux sociaux.

A la télévision, je co-présentais avec Laurent Boyer les concerts du Hit Machine diffusés sur M6. Sur TF1, j'eus formé des couples dans Tournez-Manège mais ce qui fît mon succès, c'était l'émission qui portait une méthode à mon nom. Actuellement sur NRJ12, j'anime un jeu télévisé qui s'intitule " Chéri, t'es le meilleur". Je suis, je suis... A vos commentaires !

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2 novembre 2014 7 02 /11 /novembre /2014 17:17

J'étais triste, écoeuré quand ma mère brisait la nuque d'un lapin d'élevage, avant de le pendre la tête en bas et de le saigner en lui arrachant un œil, à l'aide d'un couteau. Une petite entaille sur chaque patte arrière, et la peau était retournée, déroulée comme l'on retire une chaussette, jusqu'à ce que la pauvre bête se retrouvait "sans pyjama".

Je faillis m'évanouir, le cœur retourné le jour où il fallut que je tinsses le cou d'un canard avant qu'on le lui tranchât. Quelle vision d'horreur que de regarder le barbarie, sans tête, courir tout du long de la cour !

Pendant les repas, lorsque mes compagnons de jeux, sortaient du four plumés, dépecés, vidés et tout fumants, je perdais l'appétit. Je mangeais que les petits pois et les carottes, laissant de côté les navets, et surtout la viande froide et morte.

R.I.P Panpan, tu étais d'une intelligence rare, tu étais vraiment unique comme lapin...

Petit, si l'on me demandait quel métier je ferai plus tard, je répondais que je voulais être vétérinaire. Je ne ratais pas une diffusion de l'émission " Les Animaux du Monde" avec le toucan qui chantait pendant le générique en faisant du toboggan sur le cou d'une girafe ...

Pourtant, quand il s'agissait d'aller traquer le gibier avec mon grand-père, à l'époque trésorier de la société de chasse de Wimy, je n'avais plus aucun état d'âme. Les mercredi après-midi, on se préparait en enfilant une tenue kaki, nos bottes de caoutchouc et un capieau en feutre sur la tête pour ne pas avoir froid. Puis, on emmenait les jumelles, le fusil et Samy, l'épagneul breton, pour aller nous promener le long de la voix ferrée à Ecreveaux du Haut. C'était toujours moi qui portait l'arme en bandoulière lorsque nous marchions sur les traverses, tandis que le plus fidèle ami du chasseur fouinait partout, la truffe à ras du sol, sur les talus, à travers les ronces et dans les fossés. Parfois, le chien qui avait le dos si large que l'on aurait pu jouer aux cartes dessus, marquait l'arrêt, devant une proie et dans quelques rares cas, passait à l'offensive comme la fois où la gueule en sang, il s'acharna à mordiller un hérisson qui s'était recroquevillé sur lui-même, dans un reflex de défense. Les cibles étaient rares, les garennes est les lièvres souvent atteints de la myxomatose. Tremblants, les yeux rouges, ils n'avaient même pas la force de fuir, les moments où nous croisions leur chemin. Et puis, il y avait tous ces animaux protégés que l'on avait pas le droit de tirer comme les buses communes qui planaient au dessus des pâtures en formant des cercles, à la recherche de petits rongeurs à attraper entre leurs serres en piqué. Nous eûmes une fois la chance d'apercevoir une chouette effraie en plein jour, fait rarissime. Une autre fois, c'est un renard qui sortit des broussailles et décampa avant même que j'eus le temps d'appuyer sur la détente. Mon grand-père avait l'habitude de ramener les queues des renards et de les revendre à la fédération de chasse pour environ vingt cinq francs l'unité. Peut-être en faisaient-ils des porte-clés comme ceux qui étaient offerts en échange d'un plein d'essence dans une station Esso ? Je fis chou-blanc également quand j'eus dans ma ligne de mire un chevreuil qui finit par s'évanouir dans la nature. Perdrix, faisans, pigeons, hérons, belettes, rats musqués, blaireaux... j'étais capable de reconnaître toutes ces espèces qui vivaient dans le bocage thiérachien, mais je craignais d'en rencontrer qu'une seule : le sanglier. Un animal féroce lorsqu'il se sent en danger. Une bête sauvage, rapide, robuste pouvant dépasser les cents kilos et avec de grandes dents pointues. J'avais maintes fois, aux cours de diners familiaux, entendu parler d'une bataille épique entre un grand mâle blessé et un petit bonhomme coiffé d'un chapeau de feutre. Pour ne pas avoir tué le mammifère omnivore, dès la première salve, mon grand père du affronter le monstre, proche cousin non-domestiqué du porc, mano à mano. La bête avait chargé mon grand-père qui eut juste le temps de mettre le fusil entre lui et la puissante mâchoire du monstre. Le canon du fusil s'était tordu pendant le combat formant après l'attaque un "U". Un jour, ce qui devait arriver arriva et nous rencontrâmes à la sortie d'un bosquet d'aubépines l'ignoble animal. Pas téméraire, le chien avait battu en retraite et se tenait derrière nous. Il s'agissait d'une laie avec ses petits marcassins. Il n'y a rien de plus dangereux qu'une laie cherchant à protéger ses petits. Nous restâmes calmes, immobiles, silencieux. Sans faire de geste brusque, je me saisis du fusil et le mis en joue. Mes mains tremblaient, je fermai un oeil, pris une profonde inspiration, appuyai sur la gâchette et le coup partit. Le projectile fût stoppé net dans son élan, le bouchon retenu par une ficelle s'arrêta brusquement lorsque cette dernière se tendit. La meute nous regarda du coin de l'oeil, incrédule et repartit dans les bois paisiblement. Me promener avec mon grand-père, avec un fusil à bouchon, à la main, étaient les seules parties de chasse auxquelles je participais.

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