Je trouve un peu fort de café que ma banque me prélève deux euros tous les mois, par ce que je retire pendant ce délais du liquide plus de trois fois dans un distributeur autre que le leur. La somme n'est pas astronomique mais ce qui m'irrite c'est que le sas menant au dab est tout simplement fermé en dehors des heures de bureau, c'est à dire le soir à partir de 17h jusqu'au lendemain matin 8h30 mais aussi pendant tous les weekends. Collées sur la vitrine de mon agence, vous pouvez lire une affichette qui indique que " pour des raisons d'hygiène " et de soi-disant "sécurité", ils se trouvent contraints de bloquer l'accès à la cracheuse de billets. Le motif ici évoqué à demi-mot est que pendant les rudes soirées d'hiver, certains qui n'ont pour toit que la voûte céleste , venaient autrefois passer la nuit au chaud à l'abri du vent, de la pluie, du gel et de la neige. Certes, les S.D.F ne sentent la plupart du temps pas très bon et ne boivent pas que de l'eau, mais jamais je n'ai pu constater ce que les médias appellent une "incivilité" sur ma personne. Les fois où j'avais besoin de liquide et lorsque je les rencontrais assis à même le sol, adossés à un mur sous l'éditeuse de R.I.B et de relevé de compte, ils se contentaient juste de me balancer un " bonsoir ", la tête basse voir pour les plus enhardis un " il fait pas chaud hein ?". Jamais l'un d'entre eux ne me demanda ne serait-ce qu'une petite pièce. Les magasins étant fermés aux heures tardives de la nuit, peut-être qu'ils convenaient ensemble de ne reprendre le " boulot " qu'à la levée du jour.
Ce sont peut être ces mêmes personnes qui ont fait la fortune de ces inhospitaliers banquiers. Autrefois cadres moyens, ils durent un jour après un licenciement abusif et un divorce douloureux, hypothéquer une première puis une seconde fois leur maison, par ce qu'il ne parvenaient plus à rembourser les échéances du crédit à taux variable qu'ils avaient contractés pour l'achat de leur bicoque, en laquelle ils avaient fondé tants d'espoirs. Pour certains, un matelas confortable rembourré de billets, pour d'autres un carton et des journaux de la veilles. Plus que la crasse et les relents d'urine, l'odeur de l'argent, du mépris et de l' indifférence me donne la nausée. Pendant que nous travaillons, d'autres jouent avec notre argent et avec l'aide de son homme de main, l'état, nous font payer au prix fort, les dettes perdues lors d'une partie de poker. Lorsque l'on nous refuse de négocier, de nous accorder une bouffée d'oxygène en nous maintenant par une pression sur la nuque, la tête dans la cuvette des WC, n'oubliez pas que nous ne sommes pas plus clients que votre conseiller financier l'est vis à vis de vous. Puisque c'est nous tous qui les faisons vivre, libre à nous d'aller voir si l'herbe est moins jaunie ailleurs, car c'est la seule alternative que nous avons pour le moment, on s'en contentera...