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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 12:05
  
   L'AS DU VOLANT. 
   Amis sportifs du dimanche, j'ai peut être une petite histoire qui vous amusera :
  Je devais avoir 11 ou 12 ans environ. Ce qui est sûr en regardant ma photo dans les pages jaunies du journal qui a été conservé par mes parents comme un trésor, c'est que je n'avais pas encore de poil au menton. A l'époque, nous nous étions rendus mon père, quelques amis et moi- même à Hirson, une petite ville de 10 000 habitants où je suis né, afin de participer aux championnats de l'Aisne de Badminton.
 Le bad, n'a jamais vraiment été dans mes cordes. Je navais pas de licence auprès de la fédération et d'ailleurs je ne pratiquais ce sport qu'occasionnellement, en extérieur, à la plage où lors de pique-niques dominicaux. J'assistai donc à ce tournoi plus en dilettante que dans la peau d'un compétiteur prêt à tout casser.
  Au cours de la journée de compétition où les rencontres s'enchaînaient à un rythme effréné, je ne gagnai pas un seul match. J'ai tout d'abord pris de mémorables volées contre des joueurs expérimentés et plus âgés que moi, j'ai également perdu contre des plus jeunes et aussi contre Fanny, une camarade de classe sosie de Vanessa Paradis avec ses dents du bonheur. Mon malheur à moi, c'est qu'elle ne me laissa aucune chance de repartir chez moi avec l'honneur sauf... C'est donc fanny, d'ailleurs que je finis la journée. Vint l'heure où s'effectua la remise des prix. Une annonce au micro m'invita à me rendre sur le podium où M. THOMAS, maire de la commune et président du conseil général, me décerna la médaille qui va de paire avec le titre de champion de l'Aisne dans la catégorie des benjamins. Comment cela pouvait-il être possible puisque je n'avais pas gagné une seule rencontre ? Tout simplement en étant là au bon endroit au bon moment car, je fus le seul ce jour là à concourir dans ma tranche d'âge. j'ai donc fini premier de ma catégorie pour autant de compétiteur inscrit. Même un manchot aurait fait aussi bien ! 
 Quelques jours plus tard, mon père qui était président du club de tennis de table de Neuve-Maison, un petit village de thiérache, convoqua fièrement le journal local qui me consacra une page entière titrée en gros caractères gras : " Bérenger, un fou du volant ! "
 Depuis ce jour, je n'ai plus jamais rejoué au badminton, préférant prendre ma retraite anticipée au sommet de ma gloire et de mon art !!!
    
      AQUABIKE.  
   Je devais avoir 15 ou 16 ans puisqu'à l'époque, je jouais au football les samedis après-midi dans la catégorie des cadets. A cet âge, avec un peu d'entrainement, les courbatures étaient quasi-inexistantes et j'étais tout à fait capable d'enchainer les efforts, même après une très courte période de repos. Alors, non content de courir sur les terrains boueux les jours de match en plus des entrainements du mercredi après-midi, je partais parfois le dimanche matin avec mon père et quelques amis vététistes suréquipés et surentrainés, pour une balade à vélo de trois ou quatre heures, sur les pistes et les sous-bois de la forêt de ST-Michel, du côté du Prè-Leurquin.
    A l'âge où l'on aime faire des grasses matinées, il est parfois difficile de se lever tôt le weekend et quitter son lit encore chaud pour affronter le froid, le vent et la pluie qui arrosent les bocages de la région d'octobre à...juin. Ce jour là, je trouvai la motivation nécessaire pour me réveiller aux aurores et sitôt debout, je bus une boisson chaude, épluchai une orange que je dévorai par quartiers avant d'enfiler un cuissard, un bonnet, des gants et un maillot moulant aux couleurs vives. Le rendez-vous avec les autres cyclistes amateurs devait se tenir à neuf heures, devant le café du père Charette. Lorsque nous fûmes tous rassemblés devant le bar-tabac du village, y compris les éternels retardataires, nous prîmes la route pour le site de Blangy situé à quelques kilomètres de la ligne de départ.
    Dès les premiers coups de pédales, nous entamâmes l'ascension de la côte de l'église, ce qui constituait un excellent échauffement, surtout pour Kiki, le simplet du village qui comme tous bons idiots ne sachant pas gérer ses efforts, partit comme une fusée, debout sur le vélo en danseuse, le visage rageur et se mordant la langue qu'il retournait vers l'intérieur de la bouche.
   Nous passâmes devant l'école primaire, celle qui m'a vu progresser au fil des années dans la maitrise et l'art délicat du jeu de billes et je constatai que de la buée sortait de ma bouche haletante ce qui signifiait que les températures étaient particulièrement basses en cette matinée dominicale. Nous fûmes à peine sortis du patelin et déjà, j'avais la piquette aux oreilles. Je descendis alors le bonnet que j'avais sur ma tête au maximum, l'abaissant jusqu'au ras des sourcils en me demandant pourquoi je m'étais embarqué dans cette galère.
   Arrivés à Blangy connu pour son camping et sa cascade, nous quittâmes les routes bitumées pour des sentiers d'une terre collante les jours de dégèle comme celui-ci. Dans les flaques d'eau, les erses de tracteur inondées ou sur les terrains marécageux, les plus petits gabarits étaient visiblement avantagés. Plus légers, ils ne s'enfonçaient pas dans les sols meubles alors qu'à plusieurs reprises j'eus à poser les deux pieds dans la gadoue, souillant mes baskets à l'occasion pour m'extirper des bourbiers dans lesquels je patinai comme dans de la semoule avant de replanter ma roue-avant quelques mètres plus loin dans d'autres sables mouvants.
    Nous descendîmes une pente abrupte, slalomant entre les arbres, pieds et bras tendus, le postérieur dans le vide à l'arrière de la selle et les mains jouant sans cesse avec les freins à tambours pour ralentir suffisamment les roues sans les bloquer et risquer une chute. En bas de la descente, le sentier se divisait en deux, comme une fourche que dessine la langue d'une vipère. Sur la droite se dressait une côte quasi-infranchissable, un mur. Le chemin de gauche paraissait lui plus accessible, plus plat. Nous discutâmes un moment sur la direction à prendre. Un ancien me fit un clin d'œil et expliqua à haute voix qu'en remontant la pente que l'on venait de descendre, on aurait suffisamment d'élan pour franchir le mur du chemin de droite.
    " _ J'ai déjà vu un belge la grimper jusqu'au sommet durant une course., annonça t-il. Kiki ? Tu veux essayer ? "
    Le benêt ne se fit pas prier. Il descendit de son vélo, fit demi-tour et remonta à pied la pente sur laquelle on pouvait distinguer nos sillons encore frais. De là haut, il se remit en selle, se concentra un instant et pris un départ en boulet de canon comme après avoir attendu le coup de feu qui annonce le départ d'un contre la montre sur le tour de France. Peut-être avait-il entendu la détonation du fusil d'un chasseur qui traquait dans les bois. Toujours est-il qu'il déboula à toute berzingue, passant devant nous, la langue tournée entre ses dents et s'attaqua à la ( presque ) infranchissable côte. Au beau milieu de l'ascension, il mit le pied à terre, se rendant compte qu'il ne pouvait pas prolonger son effort une minute de plus. Lorsqu'il tourna la tête dans notre direction, il nous aperçu en train de bifurquer en ricanant dans l'autre direction, sur le chemin le plus facile d'accès.

    Les autres obstacles qu'il faut savoir franchir lors de la pratique du " mountain bike ", en dehors des arbres déracinés qui meurs en travers du chemin, mangés par les champignons, sont : Les cours d'eau. Lorsque nous arrivâmes devant une rivière dont le niveau semblait assez bas, J-C m'expliquait que ça pouvait passer en prenant un peu d'élan. Pensant que le temps des blagues était passé et ne doutant à aucun moment qu'il puisse me faire le même coup que celui qu'il fît quelques instants plus tôt à Kiki, je me lançai à corps perdu dans le franchissement de la rivière. Seulement voilà, le niveau de l'eau était en réalité plus haut qu'il ne semblait. Au milieu de la rivière, j'eus de l'eau jusqu'à mi-hauteur des roues et je coinçai mon pneu-avant entre deux cailloux que l'eau trouble masquait, avant de tomber le cul dans le lit de l'Oise. Quand je me relevai, je vis à quelques mètres de moi, le petit groupe traverser paisiblement une passerelle située à quelques brasses de ma personne et que la végétation dissimulait à peine.

    Transi de froid, je terminai la randonnée tant bien que mal. Les muscles tétanisés, l'attention en chute libre, je fis une chute alors que nous étions presque rentrés au bercail en percutant la roue arrière de celui qui me précédait et c'est tout ensanglanté que je bouclai la boucle.

    Les vendredis, quand l'horloge du pc atteint seize heures, je bondi des starting-blocks comme un lycéen qui attendait la dernière sonnerie avant les vacances d'été. Souvent, cinq minutes après avoir quitté mon bureau je reviens sur mon lieu de travail parce que j'en oublie mon téléphone portable ou les clés de la maison ce qui fait dire à mon patron :
    " _ Si l'on a pas de tête, alors il faut des jambes. "
    Pourtant, ce récit tendrait à prouver que lorsque l'on pratique le V.T.T en amateur, les jambes, elles-seules, ne suffisent pas à éviter les pièges qui se dressent en travers de votre chemin.
 
 
   Platoche en string.
   Alors que la fédération française de football incitait les supporters de chaque club à venir en famille au stade afin d'endiguer les problèmes de violences trop souvent déplorés, à l'A.S Ohis le problème de mixité ne se posait pas derrière la main courante qui délimitait la surface de jeu.

    Une fois, elles se transformèrent même en mécène en nous offrant un joli lot de strings rouges pour toute l'équipe, remplaçants y-compris.

Depuis ce jour, notre capitaine, homme de vestiaire qui, souvent dans ces cas là, était aussi la grande gueule de l'équipe, vérifiait chaque weekend si nous avions bien emporté le minuscule bout de tissu dans notre sac de sport. Le plus dur pour moi au début, était de comprendre dans quel sens on enfilait ce machin mais malgré les difficultés, qu'il vente qu'il gèle ou qu'il pleuve, Il fallait absolument le mettre les jours de match, comme si par superstition, cet accoutrement allait nous influer l'énergie nécessaire avant de livrer bataille, et peut être même nous porter chance dans les moments clés durant les confrontations.

    Nous avions même à l'entrainement répété une chorégraphie au cas où l'un d'entre nous venait à scorer. Peu importe si nous étions dans le bon tempo ou pas, l'essentiel était que nous nous retrouvions le short baissé sur les chevilles. Cette façon de célébrer un but au cours d'un match, valut même un avertissement sanctionné d'un carton jaune pour l'un de mes coéquipiers. Lors du match retour, lorsque nous sortîmes des vestiaires et que les deux équipes se tinrent en file indienne à l'entrée du terrain, attendant un geste de l'officiel avant de fouler la pelouse, chaque camp se jaugeait. Chacun dans une rangée et dans l'autre cherchait son adversaire direct, le stoppeur guettait dans l'autre file celui qui portait le numéro neuf, le milieu défensif lançait des regards d'intimidation au meneur de jeu adverse qui remontait ses bas pour que ses protège-tibias tiennent bien.

    Pour ma part, quand je jetai un œil sur le joueur que je devais marquer à la culotte, celui-ci me lança un sourire et me toisa :

    _ Alors les mecs, vous avez mis vos strings aujourd'hui ?

NONO.

Nono, camarade de classe durant deux années, de la première à la terminale, était un écorché vif. Il était capable de faire hurler de rire une classe toute entière avant de leur clouer le bec d'effroi l'instant d'après, en proférant des menaces et balançant des insultes les yeux noirs de colère. Son humeur oscillait comme celle d'un névrosé, peut-être parce qu'il abusait des antidépresseurs qui ne lui étaient pas prescrit et que ça mère laissait trainer négligemment.

Bien que nous ayons joué au foot dans la même équipe, en pupille à Neuve- Maison, ce qu'il détestait avant tout, c'était le sport. Sa carrière de footballeur s'arrêta avec précocité, après qu'il eut pendant un match, traité sa mère qui nous accompagnait ce jour là, de femme au mœurs légères, en public. Ce n'était pas aussi joliment dit, les termes étaient plus crus, plus durs. A la mi-temps, la mère entra dans les vestiaires furibarde et frappa sa progéniture de plusieurs baffes. Elle lui jeta aussi une paire de crampons en pleine figure comme le fit Alex Fergusson à David Beckham à la mi-temps d'un match de Manchester United.

Les cours d'éducation physique et sportive du lundi matin entre huit heures et dix heures, dispensés par M. Gode Michel ( un nom comme cela, ça ne s'invente pas ), étaient un véritable supplice pour lui. En gymnastique, il ne savait pas faire la roue, pas même une pirouette avant. En musculation, bien qu'il culminait à un mètre quatre-vingt, il ne portait pas plus de trente kilos en développé-couché. Pendant les courses d'orientation, il attendait au pied d'un arbre, fumant cigarettes sur cigarettes, qu'on lui rapporte les numéros des balises que nous devions rechercher dans le bois de Blangy. En natation, nous ne l'avions jamais vu en maillot de bain, prétextant qu'il venait de se faire poser un drain tantôt dans l'oreille droite tantôt à celle de gauche, cela dépendait des versions.

Un vendredi, en fin d'après-midi, alors que nous nous apprêtâmes à prendre le bus pour rentrer à nos maisons, Nono nous interpella :

" _ Hey ! Les mecs, pas besoin de venir à huit heures lundi, le père Gode ne sera pas là., L'abus de psychotropes lui donnait-il des visions prémonitoires ? Se prenait-il pour Nostradamus ? " Faites comme vous voulez les gars mais moi, je serais vous, je ferai grasse mat et me pointrai en cours à dix heures seulement."

Le week-end passa. Comme je n'avais pas encore le permis et que je dépendais des bus de la RTA pour me rendre en cours à cette époque, je vins au lycée comme beaucoup d'autres à huit heures moins dix avec des baskets et un survêt dans mon sac. A moins cinq, la sonnerie retentit. Nous nous dirigeâmes devant la salle de sport en cherchant Nono du regard, il n'était pas là. Nous attendîmes cinq, puis dix minutes, un quart d'heure, toujours pas de Nono et toujours pas de prof non-plus. Nous rebroussâmes notre chemin en direction du café Le Pigeon Blanc qui faisait face au lycée en nous disant que les prédictions de Nono étaient exactes.

Lorsque nous le vîmes à la récréation de dix heures, celui que l'on prenait désormais pour l'oracle nous expliqua qu'il avait repéré où habitait le professeur de sport. Il avait remarqué son Van garé dans une cour derrière un portail en métal. La nuit du dimanche au lundi, il se tint devant ce portail pour y accrocher un gros cadenas. Le matin même, le bourreau au sifflet qui ne devait pas posséder de pinces monseigneur, ne put en sortir son véhicule pour se rendre au lycée. Le lundi de la semaine qui suivit, le professeur ne nous dit pas un mot à ce sujet mais le Gode se montra particulièrement de mauvais poil ce jour là...

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