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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 11:51

    La dernière fois que j'en ai vu une aussi distinctement, j'étais encore enfant. A cette époque, je me promenais souvent avec mon grand père, un fusil factice à la main le long de la voix de chemin de fer d'Ecrevaux du Haut. Quand, pour prendre son envol, un oiseau quittait la cachette qu'offrait un arbre, je saisissais mon arme sculptée dans le bois, par la bandoulière et je le dirigeais vers le volatile. Ensuite, je feignais me concentrer un instant, fermant un œil pour mieux viser la cible en mouvement puis j'émettais des " Pan ! Pan ! " en relevant le canon d'un brusque mouvement de recul, entre chaque onomatopée. Jamais je n'avais accompagné mon grand père un dimanche de battue, lorsqu'il partait avec sa chienne Samie, un épagneul breton qui avait le dos si large que l'on aurait pu jouer aux cartes dessus et son confrère chasseur qui venait le chercher en Diane. Pourtant le mimétisme était frappant pour quelqu'un qui n'aurait jusque là, jamais fait de mal à une mouche.

                J'avais rangé mon joujou dans son fourreau et nous marchâmes côte à côte sur les gros cailloux de la voix ferrée en suivant Samie, qui avait la gueule en sang après s'être acharnée à mordiller un hérisson recroquevillé dans un fossé, tous piquants dehors. Soudain elle fit une apparition furtive en passant devant nous en rasant les arbres de son vol léger en sortant de nulle part.

Son ventre blanc, son plumage fauve sur le dos et sa tête caractéristique, indiquaient qu'il s'agissait probablement d'une effraie. Il est très rare d'en apercevoir en plein jour. Tellement rare, que lors de sa rencontre je restai en émois, sans même penser à décrocher mon fusil à canon bouché.

 

                La deuxième fois que j'eu l'occasion d'observer une chouette de prêt, il faisait cette fois-ci nuit noire. J'étais dans mon salon en train de regarder la télé, la porte fenêtre grande ouverte, quand elle fît irruption à l'intérieure de la pièce pour venir se percher sur le dossier du canapé en face de moi. Sur ce même canapé, se trouvait une couverture où était posé mon appareil photo. Je voulu alors prendre un portrait du rapace. Je m'approchai tout doucement de là où se trouvait mon numérique et l'oiseau nocturne. Accroupi, je tendis le bras pour tirer la couverture et de ce fait, rapprocher l'appareil jusqu'à ce qu'il soit à portée de main. En se déplaçant devant la lumière, les chromes de l'objectif se mirent à scintiller. Aussitôt, la chouette bondit sur mon Nikon et l'emporta entre ses serres en s'envolant au premier étage.

Je montai les escaliers quatre à quatre à la poursuite de celle qui était voleuse comme une pie. J'eu beau fouiller dans toutes les chambres et la salle de bain, je ne trouvai aucune trace ni du rapace, ni de mon Nikon.

 

 

                Que ce soit dans l'esprit d'un jeune garçon ou dans les rêves d'un adulte, armé d'un inoffensif fusil ou d'un objectif, il n'est pas facile de s'improviser chasseur de gibier  ou d'image.

 

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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 20:42

 

    Le destin de Didier Deschamps et sa carrière de joueur et d'entraîneur, semblaient, semblent et sembleront. étroitement liés à celui de l'Olympique de Marseille.  

 

    Sous la présidence de Bernard Tapie, il fût le capitaine emblématique de l'équipe phocéenne qui remporta un soir de mai 1993 la finale de la coupe d'Europe des clubs champions face au Milan AC de Silvio Berlusconi.  Tout homme ayant au minimum la trentaine se souvient du fantastique coup de boule de Basile Boli sur corner quelques secondes avant la fin de la première mi-temps. Durant ces années fastes où l'OM gagna en 1990 et 1992 deux titres nationaux, DD apparaissait comme l'homme de vestiaire, l'aboyeur acharné sur le terrain que tous entraîneurs aimeraient avoir comme porte-voix dans son équipe. Sur la pelouse, " La dèche " comme l'appelaient ses partenaires, n'avait pas la technique d'un Zizou ni la coupe de cheveux et la gueule à faire du cinoche d'un Ginola. Il était souvent raillé pour son inefficacité offensive. Bref, le basque n'était pas un joueur spectaculaire... Cependant, ses lacunes étaient amplement compensées par son sens du placement, son intelligence et le refus de la défaite qu'il prenait en horreur.

Ses qualités qui ont fait de lui un joueur atypique l'ont également amené à faire les beaux jours de l'équipe de France en portant le brassard de chef de troupe et remportant une coupe du monde en 1998 au terme d'une finale vitorieuse au Stade de France contre le Brésil, et une coupe d'Europe des nations en 2000 face à l'Italie.

 

    Lorsqu'il prît sa retraite après avoir baroudé dans les plus grands championnats européens, accumulant les trophées dont une deuxième Ligue des champions avec la Juventus de Turin, et une cup avec les " blues " de Chelsea avant d'échouer lors de sa troisième participation à une finale de Champion's League avec Valence, il était tout naturel pour le leader qu'incarne l'homme de passer ses diplômes d'entraîneur.

   Il débuta sur le banc de l'AS Monaco en 2001. Ses début à la tête de l'équipe princière ne furent pas une sinécure. Les résultats attendus n'étaient pas au rendez-vous et des luttes d'égaux pourrissaient l'ambiance dans le vestiaire. Les saisons suivantes, coach Deschamp sut renverser la tendance en remportant en 2003 la Coupe de la Ligue, puis en menant en 2004 l'équipe du Rocher en finale de Ligue des Champions, échouant sur la dernière marche face au Porto de José Mourinho au terme d'un parcours exceptionnel où l'ASM lamina tour à tour la Corogne, avant d'éliminer le grand Real Madrid et la non-moins prestigieuse équipe de Chelsea. Au lancement de la saison 2004-2005, Dédé se retrouva avec une équipe, amputée des Giuly, Morientes, Perso est consorts, partis vers des Eldorados pour footeux où les championnats sont plus prestigieux et les salaires plus conséquents. Il dut alors composer avec un effectif amoindri et les résultats en chute libre sans firent ressentir. Rapidement, il fût alors poussé vers la sortie et remplacé. 

 

  Après une année sabbatique, il signe en 2006 à la tête de la Juventus de Turin alors reléguée en série B pour une sombre affaire judiciaire. Malgré une pénalité de neuf points au départ mais avec une pléiade de stars sous son commandement, ( Buffon, Trezéguet, Del Piero... ) , remonter vers les sommets ne fût qu'une formalité. A la fin de la saison 2006- 2007, contre toute attente, Dédé décida de claquer la porte au nez et à la barbe ( si j'ose dire ) de la vieille dame, pour des raisons d'incompatibilité d'humeur avec le directeur sportif du moment : Alessio Secco.

 

   Quelques années éloigné des terrains plus tard, Didier Deschamps devient et demeure topujours à l'heure où je vous écris, l'entraineur de l'Olympique de Marseille. Il eut au début, la lourde tâche de remplacer dans le cœur des supporters, Eric Geret son prédécesseur. Le technicien belge était très apprécié des ultras marseillais ainsi que de ses joueurs et son bilan était plutôt satisfaisant puisqu'il remit le club sur de bons rails, terminant deuxième du championnat de France en . Rapidement, DD impose sa patte même s'il a à déplorer de ne pas avoir les pleins pouvoirs, notamment en matière de recrutement. Dès la première saison il met fin à dix-sept années de disette en remportant un doublé historique, coupe de la ligue- championnat.

L'année de la reconquête est plus difficile. Miné par une première partie de saison catastrophique, l'OM termine tout de même sur le podium en championnat mais cède son titre à plus de 800 km de la cannebière pour le Lille Olympique Sporting Club ( saison 2010-2011 ). Comme lot de consolation, les marseillais ramènent dans les Bouche du Rhône une deuxième coupe de la ligue consécutive.

               

    Annoncé partant à l'intersaison, DD reste fidèle au club de son cœur espérant ainsi voir la fin des travaux de rénovation du vélodrome qui sera alors revêtu d'un toit d'ici fin 2014. Au terme des six premières journées de la saison actuelle, Marseille était lanterne rouge. En dehors du cadre sportif, le début de la compétition fût entaché par des guerres intestines entre l'entraineur et José Anigo, le directeur sportif du club. Deschamps sortira de ce conflit renforcé dans ses fonctions par le fraichement nommé directeur général Vincent Labrune. Après une remontée spectaculaire Marseille est désormais cinquième du championnat, qualifié dans les deux coupes nationales ainsi que pour les huitièmes de finale de la ligue des champions preuve que l'homme, éternel compétiteur dans l'âme, souhaite encore et toujours étoffer son palmarès avec l'OM.

 

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 18:35

 Mercredi 02 mars 2011.

 

  Enfin, je suis parvenu à me le procurer ! Mes mains en tremblent encore... le livre qui rend fou ! Celui qui a été retrouvé sur les tables de chevet de Mark David Chapman et John Warnock Hinckley Jr respectivement l'assassin de John Lenon et celui qui a tenté de mettre fin prématurément à la vie deRonald Reagan. Je vois encore la tête de la bibliothécaire lorsque je suis passé à son bureau avec le controversé bouquin.

   _ Oh mon dieu ! L'attrape-cœur ! Ne me dites-pas que vous allez le lire ?

   _ Avec tout le respect que je vous dois Mademoiselle, si j'emprunte un livre que vous proposez dans les rayons de votre médiathèque, il va de soit que je vais le lire. D'ailleurs, à ce sujet : Combien de temps ai-je devant moi avant de vous le ramener ?

   _ Vous aurez tout le temps qu'il vous faudra., me répondit-elle les yeux larmoyants. Gardez-le si vous le voulez. Comme vous voyez, je n'ai pas passé le code-barre au scan. Personne ne verra qu'il est sortit. J'en ai marre de voir des gens biens à tous les niveaux le prendre et me le ramener complètement dézingués !

   On aurait cru que la jeune femme aux lunettes rondes était au bord de la dépression. Quand je quittai les lieux, elle s'était écroulée de tout son long sur son bureau, les bras croisés, la tête dans les mains.

 

 

Jeudi 03 mars 2011

 

  Hier, avant de m'endormir, j'ai lu les deux premiers chapitres écrits par J.D Sallinger, juste le temps d'apprendre que le personnage principal s'est fait virer du lycée, ce qui n'est apparemment pas la première fois puis, je me suis endormi. Ce matin, je note aucun changement particulier concernant mon humeur. Je n'ai jamais était viré d'un établissement scolaire de toute ma vie et peut être faut-il pouvoir s'identifier au héros du livre pour que notre personnalité s'en retrouve modifiée. Il y a quand même eu un petit truc qui m'a irrité au réveil : Les miaulements incessants de mon chat, Charly qui réclamait sa pâtée. J'ai essayé de lui flanquer un mémorable coup de pied au cul mais il est trop rapide et aussitôt, il s'est réfugié sous un meuble. Ce n'est pas la première fois que j'ai envie d'étrangler ce vieux matou. Cela doit arriver à peu près chaque matin depuis maintenant trois ans que je l'ai adopté.

 

 

Vendredi 04 mars 2011

 

Dans le chapitre 4, 5 et 6, le narrateur qui parle à la première personne, dépeint ses camarades de chambrée. Je n'ai jamais été interne dans les établissements que je fréquentai. La plupart du temps, j'étais inscrit comme demi-pensionnaire et c'était bien assez comme ça. Bizarrement, à chaque fois que l'intendant du lycée tondait la pelouse le matin, on se retrouvait le midi à la cantine avec des plâtrées d'épinards dans nos assiettes. Les seuls nuits que j'ai du partager dans un dortoir, c'était lors de mes campagnes de vendanges. A la fin du sixième chapitre, Hodlen s'embrouille avec l'un de ses colocataires pour une histoire de fille et finit avec le nez qui pisse le sang. Moi aussi, j'ai eu envie de m'embrouiller aujourd'hui. C'était pas grand chose, juste un mec qui s'amusait à lire par dessus mon épaule dans le métro. Moi, ça me les fout en pelote ça les mecs qui lisent par dessus votre épaule. Alors, j'ai refermé le bouquin en le claquant entre mes deux mains et je me suis retourné en le regardant d'un air mauvais. Le quinquagénaire a cherché un moment en balayant du regard une place où il pouvait s'assoir puis, il s'est éloigné de moi.

 

 

Mardi 08 mars 2011

 

   Le weekend, je suis redescendu à la campagne, dans ma Thiérache natale, rendre visite à mes parents. Pendant ce temps là, Caufield passe quelques jours à New-York en attendant les vacances et que la lettre de renvoie de son lycée arrive dans la boîte à lettre de ses vieux. Sûr que si je n'avais pas passé le weekend à manger, boire, remanger, reboire, j'aurais fini le Pocket qui n'est pas plus épais qu'un sandwich SNCF.

   Dans les dernières pages parcourues, nous apprenons un peu des rapports qu'entretient Holden avec les femmes. Il y a d'abord sa petite sœur, une môme qu'il adore, ensuite Jane la petite voisine de là où ses parents habitent et qui est la cause de la bagarre mentionnée précédemment puis, les autres, toutes les autres qui obsèdent ses pensées. Après tout, quoi de plus normal quand on a dix-sept ans et que l'on est toujours puceau de penser encore et encore aux filles ?

 

 

Jeudi 10 mars 2011

 

   Hier, entre une journée de travail bien chargée et une séance de futsal programmée dans la soirée, je n'ai pas eu beaucoup le temps de lire. A propos de ballon rond, faisons un rétropédalage en tournant les pages du brûlot dans le sens inverse jusqu'à revenir au commencement. Il est alors question d'un match de foot ( il n'est pas précisé s'il s'agît de football américain ou de soccer ) entre le collège de Pencey et son adversaire du jour qu'il reçoit. Tout le collège est parti assister à la rencontre  qui semble être capitale par rapport au culte que louent les américains aux valeurs qu'insuffle le sport. Tous sont partis supporter et défendre les couleurs de leur équipe fanion, tous sauf un. Pendant ce temps là, Holden poirote dans sa chambre seul, visiblement tracassé sur son avenir une fois les vacances arrivées maintenant qu'il sait qu'il ne reviendra plus à la prochaine rentrée.  Le matin même, il c'était rendu à New-York pour une partie de hockey qui n'a jamais eu lieu car ce dernier avait laissé, au grand désespoir de ses coéquipiers, l'équipement dans une rame de métro quand il fallait en descendre pour changer de ligne. Moi même, je n'étais pas mal étourdi dans ma jeunesse. Il m'est arrivé une fois d'attendre dans un train, alors que celui-ci était arrêté en gare de Laon, qu'il redémarre . Le train a bien redémarré mais le hic, c'est qu'il est reparti dans le sens de là où je venais et pas dans la direction où je souhaiter me rendre. Il aurait fallu ce jour là que je descende du wagon pour prendre une correspondance, que je monte dans autre train. Ce type de bévues qui m'étaient coutumières me valurent même que l'on me surnomme pendant de longues années Lagaffe, en référence au personnage de Franquin.

 

 

Vendredi 11 mars 2011

 

 

( à suivre )

 

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 12:38

  Cela faisait maintenant près d'un an que le président Moubarak avait été chassé de la tête de l'Egypte par le peuple qu'il gouvernait et une certaine stabilité était revenue dans le pays des pharaons. Petit à petit, les touristes réinvestissaient les lieux. Certains profitaient des superbes spots de plongée qu'offrait la mer rouge, d'autres préféraient buller au bord de la piscine des luxueux hôtels de Sharm El Sheikh. Pour ma part, c'est au moyen d'une croisière sur le Nil que je décidai de visiter le pays.

 

         Le Steam Ship Soudan avait quitté Louxor pour Assouan depuis trois jours. Trois jours que nous naviguions en admirant depuis le pont, la végétation luxuriante nourrie par les eaux fertiles du fleuve sacré. La veille, nous avions eu droit à la divine escorte de quelques crocodiles qui à la vue du bateau,  étaient sortis de l'ombre des palmiers dattiers et nous avaient suivi le corps immergé, les yeux hors de l'eau, espérant peut -être, que quelqu'un tombât par dessus-bord.

         Le lendemain matin, quelques minutes avant que le bateau ne fît escale à Edfu,  j'étais dans ma cabine et je préparai mon sac à dos que je remplissais de bonbons, de stylos, de briquets et autres objets publicitaires. Une voix se fit entendre au micro. D'abord en  anglais puis en allemand, la jeune femme qui s'occupait des excursions, pria les personnes qui avaient réservé la visite du Temple d'Horus à descendre les premiers puis, d'attendre bien sagement sur le quai. Je fus le premier à débarquer. Dès que j'eus posé le pied sur le sol, une foule de mômes se ruèrent vers moi et me réclamèrent des cadeaux. Je distribuai des poignées de sucreries, de crayons que j'avais enfoui dans mon sac et satisfaits, les garnements retournèrent en courant, jouer à martyriser une chèvre qu'ils avaient pris pour cible en jetant des cailloux. Une vieille femme qui avait les habits en lambeaux, un foulard sur la tête s'approcha de moi en courbant l'échine et me parla dans la langue arabe que je ne comprenais pas. A la fin de son monologue, elle me tendit une amulette qu'elle me supplia de prendre.

         _ C'est une croix de Ankh., m'informa un accompagnateur qui avait suivi toute la scène. Elle est symbole d'éternité. Cette femme te l'offre car tu as su te montrer généreux avec les orphelins. Porte là autour de ton cou et son pouvoir magique te sera bénéfique dans la vie, comme après la mort.

         Bien que je ne portai aucun crédit aux croyances ésotériques de la vieille femme, je pris l'objet et pour la remercier, je me prosternai devenant pour le coup presque aussi arcbouté qu'elle, qui croulait sous le poids des années.

         Le soir, je dînai sur le bateau en compagnie d'un couple d'anglais avec qui j'avais sympathisé pendant notre escapade matinale. Je n'avais pas encore bu mon thé qui terminait le repas, que je ne me sentis pas très bien. Mon ventre gargouillait comme un siphon de lavabo que l'on vidait par ce que j'avais mangé ( et ça, je ne l'appris que trop tard ), de la salade que les commis de cuisine avaient lavé dans les eaux troubles et souillées d'excréments d'animaux du Nil. Je pris congé en m'excusant auprès de mes nouveaux amis et d'un pas pressé je traversai le couloir qui menait jusqu'à ma cabine. A mi-chemin, je croisai la demoiselle des excursions qui avec son nez aquilin, ses lèvres fines, de grands yeux noirs, ses cheveux qui l'étaient tout autant, coiffés et tirés dans un long  carré, avait la beauté de Cléopâtre.

            _ C'est une bien jolie chose que vous portez là!, me fit-elle en désignant du bout de l'index l'amulette.

            _ Oui, une vieille femme me l'a donné à Edfu.

         _ Alors vous devriez toujours la porter !, fit-elle en souriant. Écoutez Monsieur Kaninchen, je suis une de vos plus grande fan. J'ai lu toutes vos publications, même s'il n'est pas facile de les trouver ici. Heureusement, ma soeur me les ramène à chaque fois qu'elle se rend en occident.

         _ Et bien tout ceci est très flatteur, merci., balbutiai-je en rougissant, ému par tant de charme et de grâce.

         _ Mais ce n'est pas pour cela que je vous ai interpellé Monsieur Kaninchen. Je sais tout ce que l'on peut savoir sur vous et je sais que vous êtes une personne avide de sensations fortes. C'est pourquoi j'ai quelque chose a vous proposer.

         _ Qu'est-ce donc ?

         _ La plus étrange et la plus mystérieuse des excursions. Nul part ailleurs, on vous proposera une telle aventure et c'est tout abasourdi que vous en reviendrez.

         _ Et que dois-je faire pour y participer ?

         Elle fouilla quelques instants dans la poche de son pantalon et me tendit une pièce de dix piastres.

         _ Tenez ! Mettez cette pièce dans votre bouche avant de vous endormir comme s'il s'agissait d'un médicament sublingual et on viendra cette nuit vous chercher.

         _ Vous viendrez me chercher ?

         _ Pas moi, je ne m'incluais pas dans le  "on". Quelqu'un viendra.

         Cette dernière phrase mit fin à tous mes espoirs de la retrouver dans ma cabine et la déception devait se matérialiser sur mon visage. Alors, je pris la pièce avant de saluer mon interlocutrice en promettant de lui faire un résumé le lendemain de ma sortie nocturne.

        

         Assis sur ma couchette, je contemplai la pièce de monnaie que je tournai et retournai dans le creux de la main, un coup côté pile, un coup côté face.

        _ Mais pourquoi diable dois-je me la mettre sous la langue ?, me demandai-je. En voilà une idée bizarre !

        J'écoutai néanmoins les conseils de la jolie demoiselle des excursions et je mis le petit disque de bronze dans ma bouche avant de m'allonger. Pendant un bon moment, le goût métallique qui envahit mon palais, m'empêcha de trouver le sommeil mais je m'efforçai de ne pas y penser. Il était près de minuit quand je parvins enfin à m'endormir.  Cette nuit là, bien que mes yeux étaient clos et que je ne pouvais lutter pour les ouvrir, j'avais parfaitement conscience d'être sur un bateau qui avançait mais j'avais l'étrange sensation que petit à petit, la cale s'enfonçait dans les profondeurs. " Faisions-nous naufrage ? " je n'entendais ni sirène, ni cri. Tout semblait parfaitement calme malgré la dangereuse descente qu'entamait le navire vers les abysses. J'évitai de justesse un cauchemar dans le quel je serais probablement mort par noyade grâce à quelques gouttes d'eau qui me réveillèrent en tombant sur mon front. Un peu groggy, je me redressai et je cherchai en fixant le plafond d'où pouvait provenir cette fuite. L'obscurité était d'une telle opacité que je ne pus distinguer quoi que ce soit au dessus de ma tête ou à travers le hublot. Je décidai de descendre de la planche de bois qui me servait de lit à la recherche de l'interrupteur de la lampe de chevet. Je lançai mon pied dans le vide mais celui-ci au lieu d'atteindre le sol, entra en contact avec de l'eau fraîche. Je sursautai de surprise quand mon pied fût mouillé, ce qui fit tanguer mon lit de fortune. Je restai immobile un moment afin de stabiliser l'objet flottant sur lequel je me trouvai tout en essayant de me concentrer.

           _ Où suis-je ? Est-ce l'excursion dont m'avait parlé Béroukhia qui a commencé avant même que je ne m'en rende compte ?

           Mes yeux commencèrent à s'habituer à l'obscurité et je discernai maintenant les parois rocheuses qui m'entouraient et d'où l'eau s'écoulait au dessus de moi. J'étais dans une grotte. mes mains palpèrent tout autour ce qui était à ma portée et l'information qui remonta à mon cerveau me fit comprendre que je me trouvai dans une barque. Celle-ci semblait être tirée de l'avant par une longue corde sans fin. Droit devant-moi, une barrière s'approchait. Elle traversait le cours d'eau, faisant obstacle à ma progression un peu à la manière d'un poste de douane. D'ailleurs sur la berge, se dressait un étrange gardien qui devait surveiller les allés et venues d'un côté et de l'autre du poste de contrôle.

           _ Halte là !, ordonna celui armé d'une lance qui à ma grande stupeur n'avait plus de peau sur les os. Si vous souhaitez vous rendre au royaume des défunts, il vous faut une chose essentielle.

            _ Le royaume des défunts ? Mais je ne suis pas mort !

            _ Hé bien voyons ! Ils disent toujours ça quand il faut s'acquitter du droit de passage., se parla t-il à lui même. Puis, s'adressant à moi ; Quoi qu'il en soit, il est impossible de faire demi-tour que vous soyez en vie ou non. Si vous l'êtes vraiment, vous devez continuer votre chemin dans ce sens, jusqu'à ce que vous ayez fait un tour complet comme Ra, notre dieu qui chaque matin, renaît après avoir bouclé la boucle que constitue ce parcours. Ouvrez-donc la bouche que je vous prélève de votre du. Plus grand !

            Je m'exécutai et le squelette enfonça ses doigts décharnés, d'un blanc éclatant dans ma gorge jusque j'eus des hauts de coeur  puis, il en retira les dix piastres que j'avais du avaler pendant que je dormais.

            _ Voilà qui fera l'affaire. Je vous souhaite un bon voyage M. Kaninchen., dit-il en actionnant un levier qui fit lever la barrière.

            _ Mais comment connaissez-vous mon nom ?

            _ Nul n'a besoin de se présenter devant moi cher Monsieur. Accrochez-vous car vous allez sérieusement être secoué. Au revoir !

            Ces derniers mots furent à peine audibles tant la barque avait pris de la vitesse en s'éloignant du péage. J'étais maintenant dans des rapides et à genoux. Je tentai tant bien que mal de garder l'équilibre pour ne pas chavirer.  Tout près, un bruit assourdissant se faisait entendre. C'était celui d'une chute d'eau et bien que je cherchai comment y échapper, l'issue était inéluctable maintenant que j'étais à deux doigts de dégringoler en bas, dans les tourbillons. Je fis une chute vertigineuse qui dura plusieurs minutes mais juste avant de m'écraser en contre bas, je fus happé par un immense crocodile qui jaillit hors de l'eau. Comme soufflé par une terrible vague, je fus balancé à droite, à gauche, tout du long du conduit digestif du gigantesque animal. Quand je me stabilisai enfin, je semblai à nouveau être à l'intérieur d'une caverne sur une berge où l'on avait dressé un autel. Je m'approchai de la lueur des bougies qui scintillaient et une longue procession d'hommes et de femmes â tête de faucon, de scarabée, de chacal... vinrent à ma rencontre. J'étais en caleçon en train d'essorer mes habits quand l'une de ces divinités s'adressa à moi.

         _ Avez-vous fait bon voyage Monsieur Kaninchen ?

         _ Et bien la dernière partie fût un peu mouvementée, merci de vous en souciez.

         _ Mais ça ne peut-être rien en comparaison à ce qui peut vous attendre pour la suite.

         _ Vraiment ? Et que me réserve la suite ?

         _ Tout dépendra de ce que dit la balance., Répondit celui qui semblait être Osiris, désignant du doigt l'autel où se trouvait une petite balance de Roberval.

          _ Ce que dit la balance ? Je ne comprends pas.

          _ C'est bien simple, nous allons vous arracher le cœur et le déposer sur l'un des plateaux de cet instrument de mesure. Sur l'autre, nous déposerons une plume. Si votre cœur est plus léger que la plume, cela signifie qu'il est pur, alors vous irez au paradis. Sinon...

          _ Sinon quoi ? Il est hors de question que vous me mutiliez, je ne me laisserai pas faire !

          _ Vous devez vous plier au règle Monsieur Kanichen, vous n'avez pas le choix ! Gardes, attrapez-le !

          Des ombre surgirent dans mon dos, me saisirent les bras et les jambes et m'empêchèrent de bouger.

          _ Lâchez-moi, lâchez-moi, vous êtes complètements fous !

          Osiris s'approchait à petits pas de moi et lorsqu'il se tint à un mètre, il enfonça sa main dans ma poitrine qui se déchira comme du papier.

          _ Non ! Cessez ! Je vous en prie cessez.

          Toute l'assistance se félicitait de voir mon palpitant extrait de mon corps et battre dans la main d'Osiris. Ils manifestèrent leur joie en émettant des ronronnements et des miaulements.

          _ Miaou, Miaou !, firent-ils tous en cœur.

 

          Quand je me réveillai enfin pour de bon, la première chose que je vis en ouvrant les yeux fût un magnifique chat serval qui debout sur mon torse, me chatouillait le nez avec ses grandes moustaches. Il disparût complètement se volatilisant dans l'air quand il s'aperçut que j'avais repris conscience. Encore bouleversé par l'affreux cauchemar que je venais de faire, je me mis à la recherche du félin dans ma cabine. Je soulevai mon sac voir s'il était dessous, il ne l'était pas. J'ouvris les placards pour voir s'il se trouvait allongé sur mon linge, il ne l'était pas non-plus. Je m'habillai en vitesse et je partis à la recherche de ce coquin de matou sur le pont, dans le restaurant, je fouillai même les canots de sauvetage sans résultat. Quand je passai devant le bureau des excursions, Béroukhia m'interpella.

           _ Bonjour Monsieur Kanichen. Vous avez-passé une bonne nuit ?

           _ Ne m'en parlez-pas, j'ai fait un affreux cauchemar. Auriez- vous vu un chat ? Il se trouvait dans ma cabine à mon réveil et il à pris la poudre d'escampette. Je me demande où il peut bien être.

           _ Il doit probablement être repartit là où il est venu vous chercher, au royaume des morts dont il est le gardien. Vous aviez plutôt l'air de vous y plaire là bas, heureusement qu'il a pu facilement vous repérer grâce à la croix de Ankh que vous portez car vous n'étiez visiblement pas décidé à revenir. Ne vous avais-je pas dit que vous feriez là la plus étrange et la plus fantastique des excursions ?   Sphinx

           

 

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 17:23

 

Dans un future proche, il faudrait que je relise mes textes et corrige toutes les fautes qu'ils contiennent.
 Proposer des articles dans un français qui n'est pas plus que parfait frise la faute professionnelle, maintenant que les pubs, annonciatrices d'éventuels revenus futurs, ont investi le blog berenger.rabbit@hotmail.fr.
Fautes de grammaire,

fautes d'orthografe,

fautes de conjugaison ( où le passé n'est pas si simple qu'il ne paraît ),

fautes d'inattention... Où en étais-je ?
Ah oui ! Fautes de syntaxe,
fautes de ponctuation :
" Une phrase débute par une Majuscule et se termine par un point ", mais lequel ? Celui que l'on met sur les "i" ?
Le point d'interrogation, ça c'est facile ! C'est celui que l'on emploie quand on s'interroge.
Le point d'exclamation vient lorsque l'on s'exclame.
Le Point-Virgule est une salle de spectacle et,
le poing dans la gueule, est le meilleur moyen de faire taire quelqu'un, l'empêchant par la même occasion de faire de nouvelles fautes de diction.
Je devrai aussi arrêter d' écrire des GROS MOTS, pour cela, il faut les mesurer, bien que certains petits ne valent pas mieux. Tenez, prenez par exemple la simple lettre " Q ", rien qu'à la voir je me sent rougir.

En parlant de " rougir ", vous connaissez la règle des accords des couleurs ?
En général je ne m'habille qu'en noir et blanc, ce qui permet d'éviter au maximum les fautes de goûts.
Le vert, je porte ses lamentations sur mes épaules depuis qu'il a été mis à pied pour faute lourde, parce qu"il n'avait pas pesé ses mots. Enfin, pour en finir avec les couleurs, si j'achète deux oranges chez le primeur, alors je met un " s " à " oranges " pour avoir la certitude de ne pas prendre de carton jaune pour avoir commis des fautes à répétition.
Afin de faciliter sa lecture, un bon écrit doit être a_é_r_é. Alors, ouvrez vos fenêtres, vos parenthèses et "guillemets" lorsque l'inspiration vient.

Toujours pour qu'un texte soit agréable à lire, il faut éviter les répétitions.
Heureusement, je ne suis pas inscrit au conservatoire de musique car les répétitions, elles sont quotidiennes là bas.
Il est vrai se répéter souvent, dire inlassablement la même chose, rabâcher, radoter, faire de la redondance, se répéter comme un disque rayé peut s'avérer ennuyeux pour le public si l'on emploi pas de synonyme, de périphrase, de mot qui ont le même sens que celui que l'on souhaite réutiliser.
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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 00:47
Album - Norvege--fevrier-2011
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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 18:10

 De retour du Texas où j'ai suivi une formation aux techniques de combats rapprochés dispensée par Chuck Norris en personne assisté de son acolyte Becket, je me sens enfin près pour exercer ma nouvelle profession de chasseur de prime.

                Placardé sur un poteau télégraphique, je trouve ce qui pourrait être mon premier contrat :

Mistigri, grand matou de couleur portant la moustache, s'est échappé par les toits de sa prison. Il aurait profitait d'une minute d'inattention de ses geôliers pour s'enfuir par  un velux qui était resté ouvert.

                _ Quels sont ses méfaits ?, me demanderez-vous.

                Un soir alors qu'il faisait nuit noire, notre fugitif abusa de Crément de Loire. Il fût prit d'une pulsion morbide et tua tout ce qu'il trouva sur son chemin malgré la ronronde des policiers qui étaient alertés qu'une véritable bêtes sauvage se promenait dans la nature. Les trois victimes qui tombèrent entre ses pattes cette nuit là, furent exécuter en employant le même mode opératoire. Elles furent tout d'abord mordues dans la nuque, avant d'être lacérées à l'arme blanche que personne ne retrouva sur les lieux ou se produisirent les faits. A voir les entailles profondes et parallèles que l'on découvrit sur les corps inertes du souriceau, du moineau et de la prostitué qui était partie taupiner ce soir là, j'en déduisis que le psychocat avait utiliser un outil contendant, quelque chose comme un râteau pour éventrer ses proies.

                Une forte récompense est promise à celui qui le capturera mails il n'est pas précisé s'il faut le ramener mort où vif...

  roudourou

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 23:50

   Cela faisait plusieurs heures que je roulai à tout allure mais je dus lever le pied de l'accélérateur car je venais de quitter l'A13 pour de la nationale. Sur la banquette arrière, les enfants dormaient à point fermé, comme ma compagne côté passager, la joue écrasée contre la vitre.  Longtemps, je fus tenu en éveil par une émission rock et ses rifts cinglants que crachait mon autoradio réglé sur une FM locale. J'en changeai la fréquence une fois que j'eus passé le péage car depuis la N176, la station n'émettait plus. Je tombai sur un programme jazz qui amenait avec ses quelques notes, calme et sérénité dans l'habitacle. A l'extérieur, il faisait nuit noire. La lune avait beau briller de mille feux, son reflet fût stoppée tout là haut par la cime des pins qui longeaient les bas côtés. Même les phares de l'auto, eux aussi peinaient à percer l'obscurité. Il me fallut une concentration de chaque instant pour que je puisse continuer à avancer dans ces conditions. la lune

   Aux alentours de Saint-Pol de Léon, je vis un panneau qui indiquait une aire de repos à une dizaine de kilomètres.

   _ Les enfants ! Réveillez-vous, nous allons faire une halte.

   _ On est bientôt arrivé, papa ?, me demanda ma fille, l'aînée de la fratrie.

   _ Non, pas encore mais j'ai besoin de faire une petite pause alors si vous avez envie de pipi, c'est le moment.

   _ Moi, j'ai pas envie de descendre !, bougonna le cadet qui malgré ses sept ans et le fait qu'il se préparait à rentrer au cours élémentaire, restait pour sa mère un gros bébé.

Son espiègle grande sœur se solidarisa de lui et décréta qu'elle aussi ne descendrait pas de voiture. Je secouai le genou gauche de ma femme qui grommela avant d'ouvrir les yeux.

   _ Qu'est ce qu'il y a ?

   _ Je vais bientôt m'arrêter donc si tu veux te dégourdir les jambes...

   Ces vacances dans le sud du Finistère devaient être celles de la dernière chance pour le couple que l'on formait. Après dix ans de mariage, nous ne parvenions plus à communiquer autrement qu' en élevant la voix. Ma femme me reprochait souvent de ne jamais être à la maison. Selon ses dires, j'étais partagé entre mon boulot et ma passion pour la musique sans me préoccuper d'elle et de voir les gosses grandir. Ce n'était tout de même pas ma faute si des clients peu scrupuleux me dérangeaient pendant ma pause dominicale, prenant des airs catastrophés au téléphone  après avoir trouvé notre numéro dans les pages blanches de l'annuaire. Quant à la musique, il était hors de question que je renonce à jouer de la basse. J'avais dû il y a une vingtaine d'années déjà, faire une croix sur une honorable carrière de footballeur amateur car un dimanche après-midi, mon genou droit s'était brisé sur un tacle trop appuyé d'un joueur de l'équipe adverse. La musique m'avait beaucoup aidé à l'époque à digérer cette épreuve et à retrouver un groupe d'amis avec qui je jouais dans des bars ou sur des bals car mes anciens coéquipiers du club l'A.S Rouvroy m'avaient laissé tomber dans l'anonymat en ne me donnant plus aucune nouvelle quelques semaines seulement après le tragique incident.

    _ Merci mais je ne veut pas descendre.,répondit-elle alors que je m'étais engagé sur la voie de décélération qui menait à l'aire de repos.

   Je me garai en épi près du bloc sanitaire et coupai le contact. Je fouillai dans le vide-poche à la recherche de mes cigarettes puis je sortis de voiture. J'allumai une clope et la grillai, appuyé contre la portière côté passager alors qu'un van tagué, bariolé de toutes les couleurs vint s'arrêter à côté de nous. Trois anarchistes qui revenaient d'une rave-party en descendirent. Une jeune femme coiffée d'une crête verte astiqua les piercings qu'avait le chauffeur aux coins de la bouche en les léchant avec provocation. Pendant ce temps là, le troisième du groupe se roulait un joint en secouant la tête au rythme des BPM qui faisaient trembler la fourgonnette toute entière.

   _ Putain ! Merde, fait chier !, hurla ce dernier.

   _ Qu'est ce qu'il y a Speud ?, demanda la punkette en collants troués.

   Celui qui ressemblait comme deux gouttes d'eau au gentil crétin du film Trainspotting venait de déchirer la feuille à rouler en renversant le mélange shit/tabac sur le sol.

   _ C'était notre dernière cigarette !, se désespéra t-il.

   _ Ce n'est pas grave. Le gentil Monsieur va gracieusement nous en offrir une. , répondit-elle en s'approchant de moi en mastiquant un chewing-gum avec la grâce d'un bovidé.

   Je lui tendis une Marllboro-light qu'elle saisit du bout de ses doigts vernis de noir, en me fixant dans les yeux et faisant des bulles avec la pâte au chlorophylle.   

   _ Dommage que ta pétasse et tes mioches dorment à l'intérieur, car je t'aurai bien emmenéderrière ces buissons pour te donner une petite récompense.

   Elle conclut ses propos en feignant tenir quelque-chose dans sa main, ce quelque-chose  qu'elle porta à sa bouche dans un mouvement de va et vient. Elle termina de mimer son acte en crachant dans ma direction un glaviot qui finit sa course à quelques centimètres de ma chaussure avant de se retourner en éclatant de rire. 

   J'écrasai mon mégot sur le sol en essayant de ne pas trop prêter attention à ce petit groupe trop bruyant puis, j'entrouvris la portière de ma 307 de fonction et je glissai la tête à l'intérieur.

   _ Chérie !, à mon premier appel, ma femme ne répondit pas. Chérie !

   _ Quoi ?

   _ Ferme la voiture de l'intérieur, ces zouaves ne m'inspirent pas confiance !

   _ Mais où vas-tu ?

   _ Je vais là ou les cochons vont sans le dire., plaisantai-je en tendant le cou vers elle, la bouche en cœur.

   Au lieu de me donner le baisé escompté, mon épouse tourna la tête dans l'autre direction et referma les yeux.

   _ D'accord, je verrouillerai la voiture mais ferme la portière, les gosses vont attraper la crève.

   De retour du petit coin, je m'aperçus à mon grand soulagement que le Van n'était plus là. A la place où il était stationné, les teufeurs avaient laissé une demi-douzaine de canettes de bière vides. Avant de reprendre la route, je fis quelques étirements contre un banc et une table en bois pour soulager mes jambes ankylosées. Je bus aussi une canette de Redbull en espérant que la taurine qu'elle contenait me tienne suffisamment éveillé pour que je n'eusse à ne plus m'arrêter jusqu'à ce que nous arrivâmes à destination.

   Quelques heures plus tard, la boisson énergétique ne fît plus effet déjà. Je me retrouvai au volant dans un état second,  comme devaient l'être les jeunes drogués que nous avions croisé sur l'air de repos, à ce moment précis. Mes yeux ne demandaient qu'à se fermer alors que ma mâchoire se crispait, je me retrouvai en descente comme si j'avais absorbé une de ses petites pilules qui vous font danser durant toute la nuit. Je fus pris aussi de tremblement et immédiatement, je mis cela sur le compte du Redbull dont je venais de découvrir les effets néfastes. Bien entendu, tout le monde dormait à nouveau et je n'avais personne pour me faire la conversation. Je baissé de quelques centimètres la vitre côté conducteur, espérant qu'un peu d'air frais me ferait le plus grand bien.

   _ Papa, ferme le carreau, j'ai froid !, se plaignit ma fille.

   _ Oui, tout de suite ma puce.

   Quelques instants plus tard, je constatai en scrutant dans le rétroviseur central qu'elle c'était rendormie. Je continuai de lutter, avalant les kilomètres car je voulais que nous arrivâmes à destination avant l'aurore pour que ma petite famille et moi même, nous assistâmes au lever du soleil depuis la plage. J'étais à bout de force quand nous traversâmes la mythique forêt de Brocéliande. Plus je m'enfonçai au coeur de la forêt, plus mon autoradio émettait mal jusqu'à ce que je ne puisses entendre qu'un vaste crachin brouillé. Sans musique, il m'était de plus en plus pénible de piloter. Je clignai des yeux à une fréquence de plus en plus rapprochée et plus je les fermai, plus je peinai à les rouvrir. A demi conscient, les mains toujours positionnées à dix heures dix sur le volant, mon esprit commençait à me jouer des tours. D'abord, je vis mon tableau de bord s'éteindre et s'allumer par atermoiement. Ensuite ce sont des voix que j'entendis sortir des enceintes. Plusieurs voix roques et lugubres qui murmuraient " slaughtered, slaughtered ", ce qui me fis frémir et sortir de ma torpeur dans un sursaut. Très vitre, je dus m'assoupir à nouveau. Lors de ma micro-sieste, je lâchai le volant et celui-ci se mit à tourner tout seul lorsque des virages s'annonçaient comme si j'avais activé le pilotage automatique. La calandre fendait le brouillard d'un air décidé et je n'avais rien d'autre à faire que de regarder les bornes kilométriques défiler sous mon regard. Soudain, les voyants du tableau de bord se mirent à clignoter à nouveau alors que le moteur continuait de ronronner. Au loin, une faible lueur apparut à l'horizon. Une lumière qui scintillait dans la pénombre comme un spectre et qui répondait aux appels que mes phares émettaient sans mon intervention. Elle semblait s'approcher, se faisant de plus en plus dense jusqu'à l'éblouissement.

   _ Oh mon dieu !, me dis-je terrifié en m'apercevant que la lumière provenait du van des teufeurs et qui fonçait droit sur nous.

   Je tentai de reprendre le volant pour dévier la direction que prenait ma voiture mais je ne parvins pas à le tourner comme si le neiman était bloqué. Pire, la voiture accéléra et l'accident frontal semblait inéluctable. Ma vie se déroula devant mes yeux alors que le van s'approchait dangereusement en klaxonnant.

   Il ne se trouvait plus qu'à quelques mètres quand je perdis connaissance. Je fus réveillé par les sanglots de ma femme qui me suppliait :

   _ Chérie ! chérie, je t'en prie réveil toi !

   Lorsque j'ouvris les yeux, je me vis étendu sur un sol carrelé, gisant dans une marre de sang. 

   _ Où suis-je ?, me demandai-je. A l'hôpital ?

   Ma femme se tenait accroupie et penchait la tête vers moi mais c'est de dos que je la vis. J'assistai à la scène comme si le corps qui était allongé, inerte, près de l'urinoir n'était pas le mien, mais celui de quelqu'un d'autre.

   _ Bon sang ! Mais qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? Mais qu'est-ce qu'il ton fait ?, hurla t'elle, me tenant dans ses bras.

  Alors je réalisai ce qui arriva : Je n'avais jamais quitté le bloc sanitaire où j'étais allé pisser. Jamais je n'avais repris le volant après ma rencontre avec les toxicos. Je me souviens maintenant que je me lavai les mains quand je relevai la tête, voyant dans le miroir derrière mon reflet, le grand Speud, le visage rageur, la bave au lèvres, soulevant un marteau, prêt à me fracasser le crâne. Celui-ci n'avait pas supporté la provocation à connotation sexuelle que m'avait faite son amie. Déjà il fallut qu'il supporta que celle avec qui il avait grandi partageant les mêmes classes de la maternelle au lycée, lui crève le coeur en se tapant son meilleur ami, cette ultime défiance alors qu'il était sous l'emprise du LSD, fût la goutte d'eau qui fit déborder le vase.

   _ Ne part pas ! Je n'ai pas eu le temps de te dire au combien je t'aime. Je t'en supplie, ne part pas, je t'aime !

   Se furent les dernières paroles que j'entendis sortir de sa bouche avant que tout ne se dissipe devant mes yeux. Il était désormais temps que je me dirige vers la lumière, celle qui au bout du tunnel brille comme des feux d'automobile allumés.

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 14:42

     S'il existe bien un exercice difficile, c'est de parler de soi. Vous en avez sûrement fait l'expérience lors d'un entretien d'embauche, quand le DRH qui vous a convoqué commence l'entrevue en vous demandant :

                _ Parlez- moi de vous M. LAPINOU. Quel est votre parcours ? Quels sont vos diplômes obtenus ? Quels sont Vos motivations ? Vos hobbies  ? Donnez-moi les trois principales qualités et les trois défauts qui vous caractérisent.

                Un conseil : Trouvez-vous une autre qualité que le traditionnel " je suis trop perfectionniste ", trop pompeux et connu de tous.

                Évitez aussi de tirer une tronche de Droopy et d'employer des phrases négatives telles que " je n'ai pas fait d'étude car ça me faisait horreur, je ne supportais plus mes anciens collègues" ou " je n'ai aucune ambition ",  etc. Mieux vaut employer la méthode Balavoine, beaucoup plus entraînante et rentre-dedans :

 

" Je me présente, je m'appelle Henri

Je voudrais bien réussir ma vie...

et surtout gagner de l'argent ! "

 

                 Mais je m'égare, je ne suis pas là pour vous coacher sur comment se présenter lors d'un entretien d'embauche. Si j'ai commencé à divaguer sur le sujet, c'est qu'un ami, créateur du blog www.comptoirdethierache.com m'a demandé de me présenter en quelques lignes, en la qualité de rédacteur pour ce site. Je me lance :

                  

                      Né un 14 juillet ( cela ressemble à un remake français du film avec Tom CRUISE, né un 4 juillet mais ça n'en est pas un ) à Hirson au coeur d'une région que l'on appelle " la petite Normandie " en raison de ses nombreux bocages parsemés de ci, de là de quelques pommiers à cidre. De l'eau a coulé sous les ponts depuis l'été 1979, comme le jus de pomme pétillant l'a été déversé quelques minutes après ma naissance, dans les verres des musiciens de la batterie fanfare de Neuve-Maison qui venaient de terminer la procession pour commémorer la prise de la Bastille, de part et d'autre du village où mes parents se sont installés alors que j'avais quatre ans. La maternité qui m'a vu naître est depuis fermée et c'est désormais à Fourmies, une commune voisine du Nord que les jeunes femmes du canton doivent se rendre pour accoucher. Heureusement, les établissements scolaires de la ville qui compte un peu moins de 10 000 habitants se portent bien, et c'est au collège Georges Cobast qui à l'époque comptait deux annexes ( une vétuste située rue Camille Desmoulins pour les classes de 6ème et 5ème, l'autre plus moderne, dans le quartier de la Z.A.C pour les classes de 4ème et 3ème ) que j'ai effectué ma scolarité du second degré. Je me souviens les deux premières années qui suivirent la primaire, que nous dûmes depuis notre établissement qui tombait en décrépitude, prendre tous les midis le bus, pour nous rendre à la cantine chez ceux qui étaient de quelques années nos aînés et qui étudiaient  dans des salles neuves, où du plâtre ne tombait pas du plafond, où il était impossible de chiper quelques lattes du plancher, en les enfouissant dans nos sacs à dos. Je terminais ensuite ma scolarité, toujours à Hirson, au lycée Joliot-Curie que l'on surnommait " l'usine " en raison du très grand nombre d'élèves qu'il peut acceuillir ( environ 2 000 ). J'y passais mon baccalauréat et aussi un BTS Force de Vente qui me permis de faire par la suite mes premières armes, au sein d'un cabinet d'assurance de la rue Charles de Gaulle d'Hirson près de la gendarmerie qui était autrefois un commissariat. L'agent général du cabinet dans lequel je travaillais est maintenant parti en retraite et pour ma part, je n'habite plus le coin de verdure qui m'a vu grandir, me développer intellectuellement au cours de mon parcours scolaire, comme physiquement au travers des nombreuses associations sportives auprès desquelles je fus tour à tour licencié ( Thiérache Football Club, Sporting Club Origny en Thiérache, Association Sportive Ohis, etc.. ) 

                Depuis la métropole lilloise dans laquelle j'essaie toujours de me faire une place, je garde toujours un oeil attentif sur ce qu'il se passe au Nord Est de l'Aisne. Je feuillette assidûment  les journaux locaux sur la toile ( l'union, l'aisne nouvelle, le courrier ) pour voir ce qu'il s'y passe et je n'hésite pas quand l'occasion se présente et quand le micro-climat très humide veut bien le permettre, redescendre sur mes terres et me balader sur les lieux de mes souvenirs que j'aimerai partager avec vous, si vous me le permettez !

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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 15:02

    Qu'est-il advenu du lycée Joliot-Curie d'Hirson de nos jours ?Je l'ignore. Seuls les plus jeunes pourraient vous en parler. A l'époque lorsque nous le cotoyons, il avait assez mauvaise réputation. Surnomé le lycée bleu à cause de la couleur marine de ses façades ou encore le club Med parce qu'à partir des beaux jours de mai, l'on trouvait plus d'élèves allongés sur les pelouses qu'à l'intérieur des salles d'études. Cette mauvaise image était-elle justifiée ? à vous d'en juger.

 

  Canular téléphonique. 

 

  _ Alors ? Vous avez trouvez vos pigeons ?,  nous demanda Dorothée qui se trouvait assise à la rangée juste devant la notre.

   _ Oui, nous les avons, mais retourne-toi avant d'attirer l'attention de la prof.

   _ Non mais je rêve !, grommela Mlle Legrand haute comme trois pommes à genou et qui portait ce jour là son superbe pull Mickey. La semaine dernière, je vous surprend en train de jouer au cartes, hier je vous confisque le turf alors que vous vous apprêtiez à faire des pronostics, et voilà qu'aujourd'hui, vous consultez les petites annonces. Donnez-moi ce journal !

   _ Non, par pitié Madame ! Je le range dans mon sac tout de suite.

   _ Alors que je ne revoie plus ce torchon avant la fin de mon cours.

   Pour une fois, la voix fluette de Mlle Legrand se fit entendre. L'enjeu était trop important. Il n'était pas question que nous passâmes à côté d'une bonne partie de rigolade et c'est sagement que nous attendîmes la sonnerie qui annonçait la récréation.

 

    Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvâmes mes camarades du fond et moi même dans la cour.

   _ Alors qui commence ?, demanda Nico.

   _ Ben toi, puisque tu as le journal., répondis-je.

   _ Ok, je me lance.

   Nico sortit son téléphone portable de la poche de son blouson et composa sur le clavier numérique un numéro qui paraissait à la page des petites annonces et sur laquelle on pouvait lire :

 

Vds Fiat Panda Année 1992 TBGE 120 000 km 15 000 fr à déb tél au xxxxxxxxxx

 

   _ ça sonne, ça sonne !, s'enthousiasma t-il en se mordant l'intérieur des joues.

  _ Allô ?

  _ Oui, bonjour Monsieur. Ici le zoo de Maubeuge. Nous vous appelons au sujet de votre annonce paru dans le Galibot, vous vendez toujours votre Panda ?

   _ Euh, oui.

   _ Parfait, c'est exactement ce que nous recherchons mais vous lui donnez quoi à manger ?

   _ Pardon ?

   _ Ben oui, vous lui donnez quoi à manger ? ça ne doit pas être évident de trouver de l'eucalyptus dans le coin !

   A l'autre bout de la ligne, le mec ne se doutait nullement d'un canular. A notre grand amusement, il répondit :

   _ Vous vous méprenez, Monsieur. Je ne vends pas un panda, l'animal mais une FIAT Panda !

   _ Peu importe que ce soit un mâle ou une femelle, que vous l'appelez Fiat ou Stessy... Et à boire ? Vous lui donnez quoi à boire ?

     Était-ce du lard ou du cochon ? Enfin, notre interlocuteur avez tranché.

   _ Bon écoutez, j'ai du travail moi, j'ai autre chose à foutre qu'à répondre à des petits cons qui n'ont rien de mieux à faire que déranger les honnêtes gens. Bip... Bip... Bip...

 

   _ Il a raccroché.

   _ Bien joué Nico, on c'est bien marré ! A qui le tour ?, demandai-je avant de prendre les devants. Bon, je m'y colle.

   La deuxième annonce que nous eûmes sur-lignée pendant l'heure de français, comportait le texte qui suit :

 

Vd Renault Kangoo diesel 60 000 km 32 000 Fr

tél au xxxxxxxxxx Après 18h.

 

    _ Allo ?

    _ Bonjour Monsieur, ici le zoo de Maubeuge. Je voulais savoir si vous vendez toujours votre Kangoo... Rouuuu, Rouuuu, Rouuuu !, hurlai-je au téléphone en imitant une pub d'un constructeur automobile français, dans lequel les parents s'efforceaient à apprendre à leur enfant à prononcer correctement le nom du marsupial, alors que ce dernier s'interdisait d'articuler la dernière syllabe.

   _ N'importe quoi ! Bip... Bip... Bip...

   _ Un peu court mais pas mal !, me félicitèrent mes camarades.

   _ Oui, mais il nous reste plus qu'à trouver comment nous allons occuper les deux prochaines heures de français de mercredi prochain.

   _ On pourrait jouer au Monopoly, à la bonne paye, au ping-pong ?

   _ C'est à méditer, fis-je pensif. C'est à méditer.  

 

 

 

    Quand les zizis chantent.     

           L'adolescence et un âge où l'on découvre son corps en plein bouleversement.
           Révisons ce qui était écrit dans les livres de sciences naturelles : Les organes génitaux poussent, la voix fluette se fait plus grave et une duveteuse moustache apparaît sur votre visage ainsi que sur votre pubis pendant que vos hormones sont sans-dessus, sans-dessous et que votre bas-ventre chatouille.
           La sortie de l'enfance correspond aussi à une période où l'on souhaite explorer le corps de ses petites camarades.
           Pour cela, nous, collégiens du collège Georges Cobast, avions une technique infaillible :
           A l'heure de la récréation, il fallait approcher ces étranges créatures que l'ont appellaient " les filles " de préférence les jours de beau temps, lorsque les zizis chantaient et que les nanas étaient en T-shirt, laissant poindre leurs mamelons naissants. Alors, il fallait ensuite aborder la personne du sexe opposé sans rougir, sans trembler sans qu'un bouton d'acné n'éclate du fait d'un trop plein de pression sanguine véhiculé par l'émotion.
           Sous les regards amusés des copains, il n'était pas question de se débiner :
            "_ Dis-moi Zoé. Sais-tu que je suis un grand magicien ?
             _ C'est quoi cette connerie encore ?, me répondit-elle d'un air méfiant.
             Là, à ce moment précis, il fallait se montrer convainquant.
             _ Et bien, je te parie un franc ( je rappel au plus jeunes d'entre vous qu'un franc équivalait à environ 0.15 centime d'euro de nos jours ) je te parie un franc que je peut toucher tes seins sans même effleurer ton soutif.
             _ Ah ouais ? Ben essai-voir !, me défia t'elle en gonflant sa poitrine sortie droite devant.
             _ Tut, tut ! C'est perdu ! "
             Il ne restait plus qu'à sortir la pièce de un franc de votre poche et prendre vos jambes à votre coup avant de prendre une mémorable gifle qui résonnerait dans toute la cour, ce qui ferait encore plus éclater de rire vos petits camarades.  

 

 

 

   En stage pour avoir de l'assurance.

    Le porte à porte, c'est l'école de la vie., c'est ce que mon maitre de stage est en train de m'expliquer. Moi, j'ai commencé par vendre des camping-cars avant de devenir agent général. Vous allez prendre les questionnaires de santé que j'ai posé sur votre bureau et m'en faire remplir un maximum pour que l'on puisse éditer un bon nombre de devis. Nous ferons un débriefing de votre activité de la journée, demain matin. Bon courage "
    Du courage, il va en falloir pour marcher dans la rue et tenter ma chance à chaque maison par moins cinq degrés. Heureusement, je connais déjà une adresse où je suis sur que l'on m'offrira un café pour me réchauffer. Le souci, c'est qu'il ne sera pas évident d'interrompre le flot incessant de paroles que prononcera Monsieur Guérin qui s'ennui en invalidité, et aime parler avec le premier qui frappera à sa porte, de tout et de rien, excepté de ce qui m'intéresse : les assurances.
    Pour les autres prospects, ça risque d'être plus difficile mais pas impossible puisque nous sommes des loups.
   "_ Des quoi ?, comme s'amuse à nous faire répéter notre professeur d'Action Vente Appliquée.
    _ Des loups., Répondent alors de façon collégiale les étudiants au travers des murs du lycée.
    _ Des quoi ?, Des Louuuuuuuuups ! Ahouuuuuuuuuuuuu ! "
Pour le moment, nous ressemblons plus à des agneaux qu'à des loups avec nos voix qui tremblotent dès que nous avons à débiter notre argumentaire soigneusement préparés pendant les cours. Malgré quelques heures de théâtre imposées pendant le cursus, je ne m'imagine pas avec assez de culot pour mettre le pied en travers de la porte pour éviter que celle-ci ne se referme sur ma paume, pendant que je tente de convaincre mon interlocuteur, de la nécessité de souscrire une complémentaire santé chez Winterthur.
    A propos de mes petits petons : Ai-je suffisamment ciré mes pompes comme on nous l'a conseillé de faire ?
    "_ Vos chaussures seront la première chose que l'on regardera chez vous. Vous serez jugés sur votre apparence en moins de trente seconde. C'est pourquoi, il est essentiel de ne pas aller en clientèle en baskets dégueulasses. Et pour votre voiture, c'est pareil. Elle doit être nickel ! "
    Mfffff ! Je n'ai pas cirés mes docks Martens depuis la rentrée. Et pour ma voiture, je ne vois pas comment je pourrai transformer ma vieille Fiat Uno immatriculée en WC, en voiture présentable, sans un coup de baguette magique.
    Voyons combien mon maitre de stage, cet esclavagiste qui profite d'avoir de la main d'œuvre gratuite pour faire le sale boulot, combien m'a t-il donné de paperasses à remplir ? De toute façon, je n'ai pas besoin d'être peigné comme un petit bourgeois de l'école catholique pour faire le boulot. Il me suffit d'aller au bistrot face au lycée, et faire remplir les questionnaires par des amis et peut-être, si ça marche bien, j'irai cet après-midi rendre visite à Francky pour jouer à NBA live jusqu'à l'heure de rentrer.
    C'est ainsi, après avoir été assidu pendant près de deux ans à jouer à la console, que je me retrouvai le matin même de l'examen du B.T.S, à imprimer mon dossier de stage, agrémenté de faux plans de tournée, de ventes fictives et de fausses factures afin d'obtenir un vrai diplôme. Tout cela, pour vous entendre dire le jour où vous rentrez dans la vie active que vos méthodes de vente sont obsolètes, dépassées depuis vingt ans. Mais l'essentiel pour un bon commercial n'est-il pas d'avoir du bagou ? Assez de tchatche pour vendre des encyclopédies à un aveugle, et de baratin pour gruger des examinateurs ?
 

LA GRANDE GUEULE.  

    Bouboule était ce que l’on appel communément une GRANDE GUEULE. Tout ce qui passait pas ses oreilles était sujet à ses commentaires, à ses railleries. Le problème, c’est que personne ne l’écoutait en terminale G. Il se prenaît pour le clown de la classe mais ne faisait rire que lui-même, provoquant bâillements et soupirs d’exaspération chez ses camarades, lorsqu’il ne suscitait pas le courroux des professeurs. Ça corpulence du type « physique de Balou » était telle qu’il n’avait nul besoin de forcer la voix pour monter haut dans les décibels, d’autant plus qu’il avait fait sa mue, et l’intégrité de nos tympans se retrouvait en danger à chaque fois qu’il l’ouvrait. Vous l’avez bien compris, Bouboule n’était pas populaire. Il ne jouait d’aucun instrument, ne pratiquait aucun sport et le pire de tout : son père était douanier alors que nous étions à un âge où beaucoup découvraient les plaisirs de la fumette.

 

    Une fois, en fin de journée, alors que nous étions tous abrutis par ce moulin à paroles ( une fois de plus ) nous décidâmes de nous passer de lui pour la dernière heure de cours de la journée. Pendant la récréation, nous allâmes le voir.

-           _Hééééééééééééé ! Les mecs, qu’est ce qu’il y a ?

-            _ Pas si fort bouboule, on est pas sourdingue. Tu savais que la prof de Français est absente aujourd’hui ?

-              _C’est ça, vous vous foutez de ma gueule les gars ! 

-      _ Non, tu n’as qu’à demander à Tito de 2nde A qui devait assister à son cours de 14h à 16h, elle n’était pas là ! Bien entendu, nous eûmes au préalable convaincu Tito et d’autres encore sous la torture de devenir nos complices.

 

Tout souriant, de son irritable bonhomie qui le caractérisait, il se dirigea vers l’élève de seconde qui faisait deux têtes de moins que lui.

-    _  Dis-donc le moutard, c’est vrai que Mme Trucmuche est absente aujourd’hui ?

Le jeune homme prit un air gêné et nous regardait du coin de l’œil pendant que nous le menaçâmes des poings dans le dos du balourd.

-     Ben c’est vrai, elle était absente aujourd’hui., finit-il enfin par répéter le texte que nous lui eûmes appris en lui pinçant le nez entre le pouce et l'index pour que sa rentre mieux.

-            _ Génial !, fit-il en enfilant autour des épaules d’un jet, les bandoulières de son sac.Puisque c’est ainsi, je me casse illico presto ! Tchao les nases à demain !

La sonnerie retentit. Nous attendîmes, le temps que Bouboule quitta le lycée d’un pas décidé puis, nous entrâmes en cours de français tranquillement. Mme Trucmuche avait déjà commencé à faire l’appel quand vint le tour de bouboule.

-I    Il sèche Madame !, fis-je d'un ton des plus mielleux. Il était en math juste avant , puis il a dit qu’il en avait marre détudier cette abrupti de Molière. Je ne fais que reprendre ses propos Madame hein ? Puis il a pris la poudre d'escampette.

-     Alors si c’est ainsi, je lui flanquerai deux heures de colle !, ce qu’elle ne manqua pas de mette à exécution lors de la prochaine leçon de français.

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