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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 20:55
Le maître mot, lorsque nous entrâmes dans ce bloc de béton carré, était " la discipline". On nous demanda d'abord de nous dévêtir, puis d'enfiler un uniforme de couleur unie, un pantalon blanc, une veste blanche tenus par une simple bande de tissu en guise de ceinture. Nous dûmes aussi nous séparer de nos montres, de nos chaînes, de nos gourmettes, d'à peu près tout ce qui brillait. Maintenant que nous portions tous le même accoutrement, nous nous retrouvions chacun au même niveau. Il n'y avait plus de lutte des classes possible, ni de lutte des clans. A chaque passage devant les instructeurs, il fallait baisser la tête de manière révérencieuse, les deux mains jointes. On nous fit courir pieds nus, jusqu'à perdre haleine autour d'une petite salle, comme le font les prisonniers pour garder une bonne condition physique. La course à pied n'était qu'un préambule, nous eûmes ensuite à franchir plusieurs obstacles à saute-mouton et après, ramper sur le sol en imaginant que des barbelés se tenaient au dessus de nous. Vinrent ensuite plusieurs séries de pompes, exécutées en premier lieu tout à fait normalement, puis sur nos deux poings serrés et finalement sur trois doigts. Si l'un de nous flanchait, toute la troupe devait recommencer l'exercice en repartant de zéro. Les fortes-têtes avaient droit quant à elles à d'autres séances de tortures supplémentaires. " Ici, se n'était pas une garderie". Une souffrance remplaçant une autre, nous eûmes ensuite a effectuer plusieurs séries d'abdominaux jusqu'à ce que les muscles du ventre devinrent en feu, sous l'œil amusé de notre instructeur qui faisait les même exercices que nous tout en nous toisant. "Nous étions flasques, nous étions des chiffes molles". Nous n'eûmes qu'à regarder comment un type de près de soixante-ans était plus souple, plus fort, plus résistant que le petit groupes d'ados récalcitrants que nous formions. Marcher en canard, faire des flexions sur les jambes, sauter à cloche-pied, roulade-avant, roulade-arrière, assis au coups de sifflet, debout, couchés...L'imagination ne manquait pas dans l'esprit de nos formateurs, lorsqu'il s'agissait d'inventer de nouvelles méthodes pour nous en faire baver. Tous ces exercices n'avaient qu'un seul et unique but : que nous soyons parés au combat, que nous soyons capables de nous prémunir contre tous types d'attaques, que se soit à mains-nues ou à l'arme blanche. D'ailleurs à cet égard, le plus gradés des chefs formait après l'échauffement, qui n'était finalement qu'une mise en bouche, quelques binômes qui devaient s'affronter en duel. Certaines batailles devaient se livrer debout, d'autres au sol. D'autres fois, l'on devait affronter successivement deux adversaires, ou trois, voir plus. Imaginez-vous au milieu d'un groupe d'individus qui ne souhaitent qu'une chose : vous attraper, vous projeter au sol, vous étrangler jusqu'à capitulation , vous faire sauter le coude à l'aide d'une clé de bras... Aussi fort soit le lion, celui-ci craindra toujours de se faire entourer par une meute de hyènes ayant senti le goût du sang.
Les séances de judo-ju-jitsu au dojo d'Hirson dirigées par M. Lienard, n'étaient pas une partie de rigolade. Pendant longtemps, je ne fus pas étonné lorsque je lisais dans la presse locale, qu'un hirsonnais venait d'être sacré champion de l'Aisne ou champion de Picardie dans ce sport.
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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 18:45

26 décembre 1999, les fêtes de Noél ont été bien arrosées et ce n'est peut-être qu'un préambule à notre future entrée dans le troisième millénaire. En ce moment même, je dois probablement ronfler, alors que je suis allongé à même le sol, encore habillé, dans une maison de la Champagne Crayeuse. Je couche au pied du lit de mon pote et pendant que nous sommes assoupis, nos foies travaillent d'arrache-pied pour éliminer toute l'alcool que nous avons absorbé ces dernières quarante-huit heures. Nous dormons à point fermé. Rzzzzz.

" _ Antony ! Antonyyyyyyyyy !

Je me redresse d'un trait, me demande où je suis avant de reconnaître les lieux. De l'autre côté, une voix masculine hurle :

_ Antonyyyy !

Le temps de réfléchir à ce qui pourrait bien se tramer, le jeune homme se libère de sa couette d'un geste ample du bras, bondit par dessus ma carcasse hébétée et se jette sur la cliche de la porte. De l'autre côté, celui qui crie à l'aide... Ce ne peut être que Jacky.

_ Anto...

Enfin, je suis dans la réaction. Je saute sur mes deux jambes et franchis la porte en emboîtant les pas de mon copain de beuverie.

Sur le palier, le père de mon pote, contremaître dans une sucrerie, syndicaliste acharné, pousse de toutes ses forces contre une fenêtre pour empêcher que celle-ci ne s'ouvre. Nous nous ruons afin de lui prêter main-forte. ça pousse aussi de l'autre côté de la vitre, avec une force époustouflante.

_ Poussez ! poussez !, ordonne le chef de famille.Tenez bien, je vais ramener quelque chose pour la bloquer.

Tonio et moi, sommes en extension. Nous raidissons nos bras au maximum, prenons appuis sur la pointe des pieds, un peu comme si l'on s'étiraient les mollets, les paumes des mains posées contre un mur. Petit à petit, nos muscles se tétanisent. La force contre laquelle nous luttons elle, ne faiblie pas. Le bruit est assourdissant. Jacquot, comme le surnomme son unique fils, saisit et déplace quelques meubles et les calles contre l'ouverture. Nous parvenons enfin à tourner la poignée verrouillant pour de bon l'accès. Nous sommes sous les toits à l'étage et ça souffle dur dehors. Le sifflement enfle nos ouïes. Il n'y a plus d'électricité. Tous les appareils domestiques sont éteints.

_ Tu devrais allé t'habiller chéri.

Gabi, la mère d'Anton, se tient là, en haut de l'escalier, raide comme un piquet. Elle croise les bras, son visage est crispé. Elle commence à peine à se rassurer, maintenant qu'il n'y a plus de courants d'air dévastateurs dans sa demeure. Jacquot, El Commandante, est debout droit comme un "i" au milieu de l'espace, en calbar, l'air ahuri avec ses cheveux blancs ébouriffés, les yeux exorbités.

_ Oui. Je vais sortir, voir s'il n'y a pas eu de dégât à la toiture.

_ Tu as donc perdu la raison Jack ? Il y a encore un vent à décorner les cocus ! Tu pourrais te prendre un projectile, quelque chose de tranchant. Comme une taule par exemple.

_ Tu as raison. Attendons un peu que ça se calme. Je vais enfiler quelque chose. ça caille ici ! Je crois que le chauffage a été coupé.

Les deux parents descendent l'escalier. Le premier niveau est uniquement à l'usage du fiston. J'ai mal à la tête et les dents du fond qui sèchent. L'adrénaline retombée, je m'aperçois que j'ai les symptômes de la gueule de bois. Si seulement l'univers tout entier pouvait être plus silencieux aujourd'hui. Les rafales continuent leur œuvre de destruction bien qu'elles semblent baisser un peu d'intensité. Des sons amplifiés de volets qui claquent, de portails rouillés qui grincent, de petites branches qui frappent le carreaux et de tuiles qui viennent s'écraser sur le sol, me martèlent le bocal. Tonio, debout sur un tabouret regarde à travers le velux.

_ Tu me laisses jeter un œil amigo ?

_ Sûr Bér. Je vais me couvrir de vêtements chaud moi aussi. Hey ! Mais t'as même pas enlevé tes sapes hier soir quand t'es tombés ?

_ Faut croire que non. Ben tu devrais enfiler un futal parce que de là ou je me trouve, on voit ton service trois pièces de sous ton calecif !

_ Putain t'es con Bér ! Je te jure !

_ Aller, bouge de là ! Epargne moi cette vision d'horreur.

Il descend de sa tour de guet. La place libérée, je m'installe au poste d'observation. La vue est obstruée par une multitude de débris, qui volent dans la même direction à toute vitesse. Je plisse les yeux pour voir le plus loin possible, à ras de la ligne d'horizon des plateaux marnais. Je me concentre en essayant de faire abstraction des éléments en suspension.

_ Tonio ?

_ Quoi mec ?

_ T'as vu ? Le hangar de Serge. Envolé !

_ Non ? T'es sérieux là ?, le bâtiment agricole qui paraissait jusqu'à hier solide a été balayé par les éléments comme un vulgaire château de carte. Il ne s'agit désormais plus que d'un monceau de ferrailles enchevêtrées, au beau milieu d'un champ.

_ Arrachée te dis-je. monte avec moi. Pousse-pas man, ne me fais pas tomber ! Regarde, suis mon doigt. Tu vois derrière où elle devrait se tenir ? Environ cent cinquante mètres plus loin...

_ Jacquot ? Pa ? Le hangar de Serge a été soufflée., Il monte les escaliers quatre à quatre.

_ Fais voir. Oh ! Bordel ! Mais c'est vrai ! ça lui apprendra à ce fumier de capitaliste à vendre son âme au diable, en traitant avec les grands groupes agroalimentaires américains.

Serge est un céréalier qui a réussi. Il s'est associé avec ses deux frères pour monter un G.A.E.C et reprendre une ferme de près de 400 hectares. Les affaires semblent marcher pour eux. Chacun de la fratrie a fait creuser sa propre piscine sur les terrains de leurs maisons et il paraît même qu'ils boursicotent. Le cultivateur et l'ouvrier qualifié sont amis en théorie, mais la vérité c'est qu'ils se livrent, la plupart du temps, à de véritables guerres de clocher sous fond de lutte des classes.

_ Vas t'habiller chéri ! Je t'en conjure ! Les supplications viennent d'en bas, plus précisément de la cuisine.

_ Mais j'ai commencé pou-poule, j'ai mis une chaussette, mais je trouve pas l'autre...

Le temps est toujours à la tempête. L'épouse du révolutionnaire nous a préparé des crêpes, en remerciant la providence que son plan de cuisson était équipé de bruleurs à gaz. Nous accompagnons les fines galettes de confitures et d'un grand bol de thé tout en jouant à un jeux de société, attendant que les bourrasques s'effilochent.

Le calme est revenu. Un calme blanc, étrange, lourd de sens. Quelque chose de grave vient de se passer. Nous tendons l'oreille, lèvres cousues, on entends pas même le chant d'un oiseau. Leurs sens, plus développés chez les animaux, leur ont permis de sentir le danger approcher et de partir se cacher, avant que la météo ne se déchaine. Pas un bruit d'une quelconque activité humaine. Les gens sont calfeutrés dans leur habitation, groggys. Certains pleurent peut-être du fond de leur chaumière d'avoir tout perdu ? Des villageois doivent avoir besoin d'aide. Ils faut que nous en ayons le cœur net.

Le père, le fils et moi-même, le Saint épris de boissons, sortons dans la rue. Nous avons mis nos gros blousons sur le dos, remonté nos capuches car le vent est encore suffisamment fort par à coups, pour nous gifler le visage, ou nous retrousser les babines jusqu'au front. Le spectacle qui s'offre à nous, n'est que désolation. Des tas de briques sont sur la route. Des tuiles ont été arrachés des charpentes des maisons. Une grange s'est effondrée alors que deux voitures étaient garées en dessous. Les peupliers tout du long de la rivière ont été brisés comme de simples allumettes. Quelques arbres couchés bloquent l'accès à certaines routes secondaires. C'est à croire que le village a été bombardé cette nuit pendant notre sommeil. Mon portable sonne, ce sont mes parents.

_ On veut s'assurer que tout va bien, on a regardé les informations et l'on a vu que le vent a dépassé les 150 km là ou tu te trouves en ce moment. Les journalistes usent déjà de tous les superlatifs et parlent de "tempête du siècle".

Tempête en hiver, t'en chie en été.

Je raccroche après avoir rassuré ma famille, Jacquot est parti frapper à la porte de la maison où la grange s'est écroulée dans la cour.

_ Toc, toc, toc. Ola, camarade ? La porte s'ouvre. Tout va bien camarade ? On voulait s'assurer que vous n'étiez pas à l'intérieur des voitures, sous les décombres.

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25 août 2014 1 25 /08 /août /2014 17:50

Avant d'enfiler mes vêtements neufs, j'essayai tant bien que mal de terminer mon bol de céréales. ça avait du mal à passer ce matin là. J'avais mal aux tripes. C'était une rentrée pas tout à fait comme les précédentes. Par ce frais et beau matin de septembre je rentrai en sixième au collège. Notre instituteur de l'école primaire de Neuve-Maison nous avait prévenu avant que nous partions pour les grandes vacances. " Ici, cette année en CM2, vous étiez peut-être les plus grands, mais si l'on vous mettez au milieu d'une équipe de basketteurs, vous sembleriez tout petits. L'année prochaine lorsque vous irez au collège, ce sera un peu comme si vous vous retrouveriez entourés de basketteurs." Je passai mon lourd sac à dos sur les épaules prêt à descendre à pied jusqu'à l'arrêt de bus, en guise d'encouragements mon père me tint ce discours : " Mon garçon, tu n'es plus un enfant maintenant. Tâche de travailler, de ne pas faire d'ânerie et surveille tes fréquentations".

Les élèves de sixième et de cinquième descendirent du bus. Tous les néo-arrivants, jusqu'à ce jour longtemps biberonnés, se regroupèrent serrés au milieu de la cour, comme un troupeau de moutons cernés par une meute de loups. La sonnerie retentît. Nous nous agglutinâmes derechef devant l'entrée du grand bâtiment en briques rouges. Tour à tour les professeurs principaux vinrent chercher leur classe en accordant la primauté aux plus anciens. Les noms, prénoms, les patronymes défilaient par groupe de trente avant de disparaître dans un long couloir juché de portes numérotées. Ainsi les groupes se formaient, nominés par ordre alphabétique. L'on vit partir l'une après l'autre, les classes de cinquième A, puis les cinquièmes B, ainsi de suite jusqu'à la cinquième F. Vint ensuite le moment où les classes de sixième devaient se former. Je pris le temps de greloter avant d'entendre mon nom cité sur la liste des sixièmes E. A mon grand soulagement, mon petit voisin était dans la même classe que moi.

Nous entrâmes dans une salle avec un vieux plancher grinçant et nous nous installâmes à nos bureaux. Les places les plus convoitées étaient évidemment celles du fond. Notre professeur principal qui était aussi notre professeur d'histoire-géographie commença l'appel. Presque tous étaient montés sur ressorts et levaient la main avant même que leur noms ne soient finis d'être cités. Tous sauf quand vint le nom de Jeff Youl.

_ Jeff Youl ? J-E-F-F Y-O-U-L ?

_ Pardon, présent Madame !

_ Et bien, vous dormiez monsieur Youl ?

_ C'est que ce weekend, je suis sorti à La Chaumière madame.

_ La Chaumière ?

A nos âges, peu d'entre nous savaient qu'il s'agissait d'une boîte de nuit située à la Neuville Aux Joutes dans les Ardennes. A sentir l'odeur qu'il dégageait nul doute qu'il portait la même chemise ce lundi matin, que celle qu'il portait le vendredi soir sur le dancefloor. Youl avait seize ans et comme nous il faisait sa rentrée en sixième.

Malgré son âge, Youl n'était pas très grand. Comme il faisait partie de la communauté des gens du voyage, il était respecté de tous et personne n'osait lui chercher des noises. Son phrasé était typique, ponctuant ses phrases de " mange tes morts, ma couille ou encore de, gadjo ". Lorsqu'il menaçait quelqu'un, ce n'était pas avec un " voir t'as gueule à la récré " mais plutôt avec quelque chose comme " sur la tombe de ton grand-père, je vais te trancher la carotide à coup de serpette " En bon fan de Bruce Lee il éprouvait un malin plaisir à mettre des trempes à beaucoup de gadjos, n'hésitant pas à se frotter à des plus grands, et des plus lourds que lui, maitrisant ses poings et ses pieds comme personne. Avec moi, jamais il ne se montra menaçant. Il me prit même en sympathie et pendant les récréations, nous nous entraînâmes dans des simulacres de combats, sans porter les coups, à la façon d'un randori au judo.

Un jour comme un autre au bureau, pendant que mon patron était parti faire sa tournée, je cherchai un dossier sinistre dans l'armoire là où ils étaient classés. Dans l'une des chemises, je tombai sur une coupure de presse qui suscita ma curiosité. L'article provenait peut-être du "Courrier La Thiérache", peut-être de "l'Union- l'Ardennais" ou de "l'Asine Nouvelle", je me souviens plus très bien. Il était question d'un sordide fait divers qui s'était déroulé à Hirson. Un drame sous fond de misère sociale, de drogue et d'alcool comme il s'en joue trop souvent dans la région. Il s'agissait de l'histoire d'un couple qui recevait régulièrement la visite de deux autres types pour des séances de beuveries sans limite. Les deux types qui étaient fréquemment invités, eux- même héroïnomanes, savaient que le mari était un alcoolique notoire. Ils profitaient alors de chaque occasion pour saouler le mari, jusqu'à ce que celui-ci s'endorme le nez dans le potage avant de partir au lit avec l'épouse qui avait la cuisse légère. Les circonstances qui s'en suivirent m'apparaissent à ce jour un peu vagues. Sans-doute le mari s'était-il un jour rebellé, probablement il eut une violente dispute mais ce dont je me remémore très bien dans cet article c'est qu'un certain Jeff YOUL avait écopé d'une longue peine de prison, parce qu'il avait tué un homme à coup de pique à brochette !

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21 août 2014 4 21 /08 /août /2014 14:19

Nous étions 3 ou 400 à investir dix mois dans l'année ces lieux désuets, faisant autant de dégâts dans cet établissement en décrépitude qu'une colonie de termites, dans le tronc d'un arbre mort.

Dans la cours, les buts n'avaient pas de filet, les pissenlits poussaient dans les brèches creusées dans le macadam par le temps, la pluie et le gel. Quelques carreaux manquaient aux fenêtres. La peinture sur leurs cadres en bois s'écaillait. Les portes et les murs des toilettes étaient recouverts de poèmes amoureux, de messages de rage, de désespoir et de haine, de dessins humoristiques, de caricatures de surveillants, démontrant que se cachaient parmi nous, de véritables âmes d'artistes en herbe. Le deuxième étage qui abritait autrefois un internat, nous était interdit d'accès. Pour y accéder, il y avait un grand escalier. Les marches craquaient des qu'elles étaient foulées par quelques paires de baskets Nike, Adidas ou Reebok Pump et du plâtre tombait du plafond sur nos chères têtes blondes. Le mobilier était usé. Sous nos bureaux, les vieux chewing-gum desséchés pullulaient comme une poussée d'acné sur le visage d'un pré-puberts. Quelques lattes manquaient sur le parquet, probablement envolées dans les sacs à dos de quelques petits plaisantins.

Certains enseignants représentés eux-mêmes les vestiges d'un époque révolue. Ceux qui étaient proche de la retraite avez vu passer des générations de potaches et ils cofondaient parfois, pendant l'appel ou lors des réunions parents-profs, les prénoms de leur élèves du trimestre en cours avec ceux des parents qu'ils ont eu une trentaine d'années plus tôt. Le numérique n'avait pas encore fait son entrée dans les classes, les feutres n'étaient pas démocratisés et les professeurs utilisaient toujours la craie jusqu'au dernier centimètre pour écrire de leurs mains poussiéreuses au tableau. A la fin de chaque heure de cour, un fayot était désigné pour effacer la leçon à l'aide d'un épais tampon avec un manche en bois.

La salle d'étude était vaste et souvent remplie d'élèves en retenue. L'espace raisonnait avec une fréquente régularité des cris autoritaires des pionnes. Si nous nous retrouvions en permanence le matin dans le créneau entre neuf et dix heures, il fallait jouer des coudes pour se faire nommer en binôme comme celui qui ira faire le tour des salles de classes, recenser les élèves demi-pensionnaires qui mangeront des épinards que notre cuisto avait concocté les matins même où les agents d'entretien avait tondu la pelouse du bahut. Nous ne possédions pas de cantine. Le midi, il fallait prendre le bus jusqu'à la ZAC d'Hirson pour déjeuner en compagnie des élèves de quatrième et de troisième qui étudiaient désormais dans cet annexe plus moderne avec son réfectoire. Pour nous préparer à un futur proche, on restait une après-midi par semaine dans les nouveaux locaux pour les travaux pratiques en technologie. Ces vendredis après le déjeuner, nous étions pendant les récréations les souffre-douleur des plus grands qui roulaient des mécaniques. Mais dès le lundi matin, nous regagnions nos quartiers dans ce vieux grenier allergène où nous avions nos habitudes.

La leçon de sciences-naturelles, aussi longue était-elle il fallait quand nous la recopions, qu'elle tienne sur une page au format A4 et pas une de plus. Nous ne sautions aucune ligne sur des feuilles à petits carreaux écrivant aussi dans la marge et de plus en plus petit au fur et à mesure que l'on s'approchait du bas de page. Et si l'on avait pas fini de retranscrire ce qui était au tableau au moment où la sonnerie retentissait, nous nous faisions sucrer la pause de dix heures.

Les contrôles de sciences physiques n'étaient qu'une simple formalité. Il suffisait de pomper le livre posé sur nos genoux, pendant que le savant fou, qui exerçait un dernier cycle au bout d'une longue carrière, dormait à poings fermés. Parfois, nous le réveillions en sursaut, en claquant d'un grand coup les deux paumes de nos mains sur le carrelage du labo, avant de replonger le nez sur un schéma du courant alternatif en essayant de contenir nos ricanements.

Le principale était craint de tous avec ses méthodes d'éducation à l'ancienne. Si l'on se retrouvait malencontreusement dans son bureau deux alternatives punitives s'offraient à nous. Soit nous avions à recopier x fois le règlement intérieur selon la gravité de nos faits, soit nous avions droit au châtiment de "la grande tarte dans la gueule". Un ami eut une fois cumulé les deux punitions successivement en l'espace de 24 heures. Le premier jour, il eût à recopier quatre fois le règlement intérieur pour je ne sais quelle bêtise commise, le lendemain, lorsqu'il remit les douze copies doubles à la plus haute autorité qui nous dirigeait, il se prit une gigantesque "tarte dans la gueule" car il était visible qu'il avait utilisé du papier carbone.

Le coach d'éducation physique et sportive fumait comme un sapeur. Pongiste de bon niveau au club hirsonnais, il était lui aussi adepte du " grande tarte dans la gueule". Les bigleux avaient un avantage sur nous quand il s'agissait d'en prendre une, car elle était toujours précédée d'un " toi, enlève tes lunettes"... Bam ! Ceux qui ne portaient pas de binocles, se mangeaient un mémorable coup droit d'une tarte à cinq doigts sans avertissement. Lorsque nous étions d'humeur trop chahuteuse, plutôt que de jouer au football ou au volley, nous avions droit à une séance de yoga, de relaxation et nous arrivions alors l'heure qui suivait en mathématique doux comme des agneaux.

Denver, c'est comme ça que nous appelions la matheuse à cause de son embonpoint et parce qu'elle portait toujours une blouse verte, ne faisait pas de crise de larmes ces jours là.

En français, il ne fallait point dire de gros mots. Enfin, moins qu'ailleurs je veux dire... L'homme lettré chargé de nous transmettre son savoir portait un nom à multiples particules et avait des manières tout à fait aristocratiques. Le contraste était saisissant. C'est un peu comme si vous embauchiez Ariel Wizman, bobo parisien de Canal +, à ramasser les pommes à cidre un automne pluvieux durant quinze jours perdu au milieu de nos pâtures...

C'était au début des années 90, l'annexe du collège Georges Cobast à Hirson, rue Camille Desmoulins, vivait ces dernières heures avant une fermeture programmée de longue date.

Collège Camille Desmoulins ( Hirson ).

Collège Camille Desmoulins ( Hirson ).

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11 août 2014 1 11 /08 /août /2014 16:46

J'eu une fois par le passé contacté Raymond, loueur de canoës et de V.T.T. C'était à la mi-juillet, à mon retour de Gênes. Mais comme la météo convenait plus aux herbagers, qui craignent une sécheresse dès que nous rencontrons trois jours d'ensoleillement consécutifs, qu'aux amateurs d'activités en plein air, je n'eu pas d'autre choix que d'annuler cette réservation. Peu avant le weekend du 15 Août un anticyclone avait déposé ses valises juste au dessus de la France. Evelyne Delliat est formelle, le soleil serait bien présent et une vague de chaleur inonderait l'hexagone dans les jours à venir, même en Thiérache où sont climat humide est réputé être un véritable enfer pour les asthmatiques. Une occasion comme celle-ci ne pouvait pas se représenter de si tôt. Je décidai donc de quitter la ville de Lille le samedi matin pour la verdoyante campagne thièrachienne, habillé de tongs et d'un maillot de bain sous mon short je prenais la route direction Autreppes, petit village situé en plein cœur de la vallée de l'Oise. La base nautique est signalée à l'entrée de la commune, à côté de l'axe vert. Je me présentai à des personnes sous un barnum à l'abri des U.V. Ces dernières consultèrent un listing où mon nom apparaissait. Je payai la somme de douze euros au moyen de chèques vacances. Puis, enfilai un gilet de sauvetage, empruntai un bidon de plastique dans lequel j'enfermai à l'abri de l'humidité appareil photo, téléphone et d'autres objets qui craignaient l'eau. Je saisissais une pagaie à la volée, avant de trainer mon kayaks jusqu'à la rivière. Me voilà partis pour un parcours de dix kilomètres entre Autreppes et Englancourt sur les traces de Stevenson, l'auteur écossais du célèbre Dr Jeckyll and Mr Hyde qui emprunta la même voie d'eau que moi à ce moment et écrivit à ce propos : " L'air était pur et doux parmi tous ces champs verts et toutes ces choses vertes qui poussaient. Rien qui indiquât l'automne, dans le temps. Et quand à Vadencourt, nous nous embarquâmes au bord d'une petite prairie, en face d'un moulin, le soleil perça les nuages et fit resplendir toutes les feuilles dans la vallée de l'Oise, nature qui frappe davantage l'oeil de l'homme." Contrairement à l'Ardèche, au gorges du Verdon ou à celles du Tarn, l'eau n'était pas transparente ou bleue turquoise mais trouble avec des algues fleuries et des nénuphars. Pas suffisamment cependant pour m'empêcher d'apercevoir quelques poissons, quelques alvins qui filaient à l'anglaise dès que je m'approchai d'eux, avec mon embarcation. Poules d'eau, canards, balbuzards et quelques vaches qui descendaient des pâtures s'abreuver dans l'eau sont les autres animaux que je croisai pendant ma descente tranquille. J'eu même l'occasion de sauver une taupe de la noyade, elle qui luttait dans les eaux vives à regagner la terre ferme malgré ses puissantes pattes antérieures. Du côté de l'architecture, j' aperçu quelques églises fortifiées, un vieux moulin et une centrale hydro-électrique. La navigation fût aisée, l'eau était assez profonde, les berges assez distantes l'une de l'autre pour me laisser transporter sans difficulté, en donnant de temps en temps quelques coups de pagaies pour rester dans la bonne direction. En un peu plus de deux heures seulement, j'arrivai à l'embarcadère d'Englancourt où il me suffit de téléphoner pour qu'une navette vint me récupérer à toute vitesse. Je sentais la vase et ma peau avait rougie par une surexposition au soleil mais c'est bien aise et heureux que je regagnai le point de départ. Peut-être que la prochaine fois, désormais que j'apparaissais comme un navigateur chevronné, dignitaire successeur d'un Magelan, Marco Polo ou Christophe Colomb, je tenterai une plus longue traversée de quinze kilomètres au minimum.

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9 août 2014 6 09 /08 /août /2014 07:31

C'était le lieu de nos excursions dominicales quand grands- oncles et grands- tantes venaient de Soissons, Reims ou Château- Thierry, manger en famille le midi à Wimy. Le repas terminé, je m'installai à l'arrière d'une deudeuche, d'une 4 L ou d'une Citroen Visa conduite par Guy, Jean ou Daniel, l'un des frères de mon grand-père ou par Riton ou René, l'un des frères de ma grand-mère puis nous foncions en direction de Macquenoise. La Thiérache n'a pas de frontière, elle dépasse le cadre départemental. Plurirégionale, internationale même, elle s'étend jusqu'à une partie de la Belgique walonne. C'était avant les accords Schengen. Les douaniers veillaient au grain sur la ligne de démarcation qui séparait les deux pays. Mon père se vit un jour refuser l'entrée en Belgique avec sa Renault Horizon, parce qu'il n'avait pas collé à l'arrière de la voiture l'autocollant flanqué d'un "F". Il du aller en acheter un à pied, de l'autre côté de la frontière, au café de la douane. Le lundi suivant, dans la cour d'école de Neuve- Maison, je me vengeai sur un certain W. Rosbeef, que l'on appelait " beefsteack", lui même fils de gabelou, en lui faisant plonger la tête la première dans une grande poubelle en plastique où les écoliers jetaient leur emballage de bonbecs et autres papiers gras. Les anciens allaient là bas à plusieurs voitures qui se suivaient en file indienne, comme une caravane dans le désert. Le but principal de ces périples était de faire le plein de leur voiture, acheter du fioul pour le feu à pétrole, remplir le bar de bouteilles de Porto ou de Martigny, ramener des cartouches de cigarettes et des boîtes de cigares pour les amis, sans oublier les fameux chocolats belges, des Leonidas et quelques barres suisses de Toblerone géants. Les commerces étaient beaucoup plus nombreux de ce côté de la lisière, avant le libre-échange. Parfois, on s'aventurait un peu plus loin, jusque Chimay. Nous visitions son abbaye, ses sous- terrains, avant de nous installer à une terrasse sur la place pavée où je commandais un Cécémel tandis que ceux qui étaient majeurs et vaccinés, sirotaient une trappiste rouge, blanche ou bleue, dont la réputation n'est plus à faire dans le monde entier. Lorsque l'on s'attardait un peu trop longtemps, nous mangions le soir à l'intérieur d'une " friture " une " mitraillette ", ce que l'on appel en France " un américain ", nappée de sauce bicky.

Assis devant l'un des nombreux écran du Kinépolis de Lomme, le plus grand cinéma de France, j'entame un gigantesque sceau de popcorns tandis que la lumière se tamise peu à peu jusqu'à ce que nous soyons tous, dans la salle n° 20, dans le noir complet. Son premier film derrière la caméra a été accueilli avec une ferveur triomphale dans l'hexagone et même à l'étranger, où quelques remakes ont été adaptés comme en Italie par exemple. Son deuxième film comme réalisateur sera t'il aussi drôle et autant couronné de succès ? Peu importe, si je suis venu dans ce cinoche avec son entrée grande comme un hall d'aéroport, c'est dans l'espoir de reconnaître dans cette nouvelle comédie, des décors qui me sont familiers. Dès la première scène, malgré la neige artificielle, on reconnaît instantanément le café de la douane, puis celui qui fait face " Chez Marianne ". Même les postes de douanes rénovés et redécorés pour les besoins cinématographiques semblent fidèles aux souvenirs que j'en avais. Seul le nom de ce petit village limitrophe a changé. Macquenoise est devenu Courquin dans la fiction. Dany Boon avait choisi comme cadre la Thiérache pour tourner son second film et diriger des acteurs prestigieux comme Benoît Poelvoorde, François Damien ou encore Karin Viard. Une avant- première avec sa panoplie d'acteurs s'était tenue au cinéma le Sonhir d'Hirson et depuis, à l'ancien poste frontière, on peut voir quotidiennement, surtout en été, des badauds photographier une étrange voiture des douanes, une 4 L gonflée et customisée, la même que l'on voit dans le film " Rien à déclarer ".

Quelque chose à déclarer.
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8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 13:45

PISE.

PISE.

Il fallut d'abord atterrir à Pise pour ensuite se rendre à Florence en train. Nous profitâmes alors de l'occasion pour visiter le site de " El Campo Dei Miracoli" et sa tour penchée. En bus, de l'aéroport Pisan à la gare ferroviaire il n'y a qu'un pas, ou plutôt quelques tours de roues et de la gare à la "Torre Pendante", dix minutes de marche suffisent et c'est toujours tout droit,, après avoir franchi un pont qui enjambe l'Arno où a été fondée sur sa rive droite, une charmante petite église nommée " Santa Maria Della Spina".

L'impression de voir les choses de travers comme si vous étiez bourré, c'est la confirmation que vous êtes bien au pied du plus célèbre raté architectural au monde. Même les Simpson font référence au campanile ( l'équivalent des beffrois en terre chti ) dans un épisode où la famille jaune se rend en Italie pour récupérer et ramener une Ferrari appartenant à M. Burns. On y voit à la fin de ce volet Homer, dégustant un typique hamburger à la terrasse d'un MC Do avec comme décor en second plan, la tour avec sa base instable. Nous aurions aimé grimper tout là haut, vérifier si à plus de soixante mètres du sol, nous aurions eu l' impression d'être à bord du Titanic quelques minutes avant qu'il ne sombre complétement sous les eaux glacées. La découverte du prix de la visite ( 18 € / pers ) nous refroidis sérieusement et nos plans s'effondraient.

Avant que l'édifice bancal nous tombe sur la tête, nous fîmes le tour des différents bâtiments religieux comme le baptistère et son dôme de style roman et ses luxuriantes portes sculptées d'éléments naturels comme des feuilles de vigne, des grenouilles, des salamandres, etc.

FLORENCE.

De la gare florentine " Santa Maria Novella " jusque l'hôtel Medicis au n°6 de la rue du même nom, cela devait prendre onze minutes à pied. Il nous fallut un chouia plus de temps malgré l'aide d'une application de géolocalisation sur mobile. 225 € les cinq nuits dans l'une des villes, si ce n'est la plus chère d'Italie, fallait pas s'attendre à crécher dans un palace mais les services qu'offrait ce deux étoiles étaient plus que corrects : accueil avec le sourire, personnel parlant parfaitement le français, chambre décorée sans faute de goût avec ses quatre murs peints en blanc et malgré un dessus de lit des plus kitchs et enfin, sa salle de bain privative, ce qui ne courait pas les rues lors de mes recherches budgétisées sur le web. Le vrai plus de cet hôtel est sans aucun doute sa situation géographique à cinq minutes de la cathédrale et sa terrasse au sixième étage avec son imprenable vue sur le Duomo.

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7 août 2014 4 07 /08 /août /2014 12:13

Jeannine et Fernand dont l'exploitation est installée à Origny en Thiérache, forment un couple d'herbagers mariés depuis plus de cinquante ans.

Durant leur première année de vie commune, leur idylle était douce et soyeuse comme dans du coton.

Au bout de dix ans, la passion s'était peu à peu étain.

Après quatorze ans, leur amour avait pris du plomb dans l'aile.

A leur vingtième anniversaire de mariage, leur couple était devenu fragile comme de la porcelaine.

Cinq ans plus tard, la production de lait ne rapportait plus assez d'argent, ce qui n'arrangeait pas les affaires du ménage.

Trente sept ans après s'être passés la bague au doigt, ils s'entredéchiraient le cœur comme du vulgaire papier mâché.

Un demi- siècle après le jour ou ils se passèrent la corde au cou, ils ne se disputaient même plus, préférant se taire car parait-il, " Le silence est d'or".

Leur ferme était une exploitation à l'ancienne. Elle ne fit l'objet d'aucun investissement nouveau depuis qu'ils la reprirent ensemble et le tas de fumier gisait encore dans la cours.

Un matin à la fraîche, alors qu'ils faisaient la traite encore manuellement, avec le petit tabouret de bois et les sceaux en métal, au milieu d'une pâture au lieu dit D'entre Deux Bois, le désir ressuscita dans la tête de Fernand :

" _ Jeannine, à triturer le pie de cette Prim'Holstein, ça me rappelle le bon vieux temps. Tu te souviens ? Quand on faisait l'amour derrière les murs en torchis, sur la paille, dans la grange de tes parents à la Demi-Lieu ?

Alors la grand-mère cria au loup :

_ Wouhouuu ! La vache, si je me souviens. Et quand tu m'arrangeais aussi dans les pâtures ? Tu installais une couverture à l'ombre d'un pommier à cidre et... Crack !

_ Si on le refaisais là ? Tout de suite ! Le long de la clôture au bon souvenir de l'époque ?

La clôture ne comportait pas de barbelé alors ils firent leur affaire que la descence m'interdit de développer les détails. Cinq minutes plus tard, heureux et comblé, Fernand se rhabilla puis lança ce commentaire :

" _ Dis-moi la Jeannine. J'ai pas le souvenir qu'à vingt ans, tu remuais autant ?

_ C'est qu'à vingt ans, les clôtures n'étaient pas électrifiée !!!"

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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 18:24

Enfant d'une famille recomposée, je décidai de partager mes quinze jours de congés d'été entre papa et maman. Je passai d'abord une semaine de repos chez mon père à Neuve-Maison en Thiérache puis l'autre, en Normandie chez ma mère plus précisément à Appeville-Annebault dans l'Eure.

Au cours de ma première semaine de vacances dans l'Aisne, je redécouvris les spécialités culinaires thiérachiennes . Je goûtai le fromage qui fait la fierté de la région, l'odorant Maroilles, accompagné d'un verre de cidre pressé au village. Le matin, je déjeunai un grand bol de lait tiré par l'éleveur herbager voisin, puis un verre de jus de pommes issu du même producteur.

Ces quelques jours passés dans la communauté de communes des trois rivières, étaient ponctués par quelques balades dans les bocages, où les Prim'Holsteins broutaient l'herbe grasse à l'ombre des pommiers. Je fis également quelques promenades sur l'ancienne voie ferrée "l'Axe Vert" puis dans la forêt de St-Michel, guettant si après un orage, les cèpes d'été et les girolles pointaient leur nez.

Comme les paysans du coin le disent " En Thiérache, c'est soit il a plu, il pleut ou il va pleuvoir ". C'est donc entre deux averses, appareil photo à la main que je fis l'inventaire du patrimoine architectural de la région. Je visitai d'abord les ruines du château de Guise, ensuite, je marchai dans le cloître de l'Abbaye de St-Michel, observai les granges fabriquées avec du torchis et enfin pris la voiture pour recenser les nombreuses églises fortifiées érigées dans la région.

Finalement, je conclus cette huitaine de jours en me rendant le dimanche à l'hippodrome de La Capelle, pour parier sur quelques chevaux, ce qui ne me rapporta pas un radis.

La seconde semaine, je fis un tour d'horizon de la gastronomie normande. Je testai d'abord le nauséabond Livarot avant d'autres fromages au lait cru. Pour faire passer, je bus du cidre fermier de la ferme voisine. Le matin, je déjeunai des tartines beurrées du beurre de cette même ferme avant d'avaler un grand verre de jus de pommes pressées dans le département.

Pendant mon escale dans l'Eure, j'errais dans les bocages, entouré de vaches normandes qui mastiquaient l'herbe riche aux pieds des pommiers. Je randonnais également sur la voie verte, une ancienne voie de chemin de fer et après quelques épisodes orageux, j'allai à la cueillette aux champignons dans la forêt de Monfort.

La Normandie est réputée pour son climat humide. Je profitai alors de quelques rares éclaircies pour shooter avec mon bridge quelques bâtisses typique de la région. J'allai dans un premier temps voir, les ruines du château de Brionne, ensuite j'entrai dans la cours de l'Abbaye du Bec Helloin, j'admirai également les granges en colombages avant de dénombrer les clochers des petits villages aux alentours.

Enfin, mon séjour se termina par une après-midi à l'hippodrome de Deauville. Je misai sur un super-tocard et quelques autres bourrins qui me rapportèrent pas un rond.

Une pensée pour tous les Thiérachiens qui ne partiront pas en vacances cet été, quelques soient les raisons, de santé, financières, familiales, professionnelles... Consolez-vous en vous disant que si la Thiérache est parfois surnommée " La Petite Normandie", et ce n'est pas pour rien...

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25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 18:41

Assis du haut de nos montures, un chapeau sur la tête, un pistolet en bandoulière, la carabine à plombs dans les mains, nous étions prêts à parcourir les grands espaces thiérachiens.

Nous nous étions armés pour parer à des éventuels attaques d'animaux de la faune locale. Quelle bête féroce aurait pu se mettre en travers de notre chemin ? Un renard enragé ? Une laie qui protége ses petits ? Une attaque de corbeaux comme dans le film d'Hitchcock ?

Nous avions rempli notre paquetage de pommes à cidre encore vertes, de mures et de feuilles de tilleul pour faire des infusions. En chemin nous trouverions surement des noisetiers sauvages ou peut-être ferions nous de la salade de pissenlits ? Nous connaissions les endroits où gisaient quelques sources où nous pourrions nous désaltérer.

Tél le cowboy Lucky Luke à la fin de chaque album, nous partîmes au coucher du soleil. Nous montions à cru. Au petit trot, nous longeâmes d'abord l'ancienne voie de chemin de fer, devenu aujourd'hui " l'axe vert ". Sous le regard impassible d'un troupeau de vaches, nous traversâmes au pas la pâture aux coucous. Nous l'appelions ainsi parce que la fleur des talus pullulait toujours à cet endroit chaque printemps. Ourasi et Joly Jumper avancèrent de plus en plus lentement et avec de moins en moins d'assurance quand il fallut descendre puis remonter les flancs escarpés du Fond des Rochs d'Ohis. Dans la cuvette du vallon, nous passâmes devant une petite chapelle, alors nous ôtâmes nos coiffent et fîmes notre signe de croix avant d'entamer l'ascension par l'autre côté. Les bêtes peinèrent à gravir la pente et quand elles arrivèrent la haut, au bord du champ de mais, elles refusèrent d'avancer d'avantage. Nous n'avions pas d'éperon sur nos bottes en caoutchouc. Nous cueillîmes quelques épis pour leur donner à manger. Nous grignotâmes aussi quelques grains jaunes comme l'on dévore du popcorn devant un western de La Dernière Séance. Il fallait que nous chevauchâmes à nouveau Ourasi et Joly Jumper mais les animaux étaient à bout de force. Nous étions parti depuis à peine une heure, avions parcouru juste un demi kilomètre et déjà notre périple s'arrêtait là.

Les chèvres du petit voisin, ce n'était pas les chevaux de l'hippodrome de La Capelle. Il était vingt et une heure, nous dûmes nous dépècher de rentrer, nos parents commençaient à regarder leur montre !

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